Entretien avec Zoubida Karaoui, présidente de l’Union des coopératives de l’artisanat traditionnel de Foum Oudi
Dans cet entretien, Mme Zoubida Karaoui, présidente de l’Union des coopératives de l’Artisanat traditionnel de Foum Oudi, revient sur le projet de Dar Saniaa qui a vu le jour en 2015, avec comme objectif de participer à l’autonomisation de ces femmes et à la transformation de leurs compétences artisanales en une source de revenus.
ALM : Comment avez-vous donné naissance au projet Dar Saniaa ?
Zoubida Karaoui : Le projet de Dar Saniaa qui a vu le jour en 2015 est le fruit d’un partenariat entre la collectivité territoriale de Foum Oudi, l’Initiative nationale pour le développement humain, la Chambre d’artisanat traditionnel et le ministère du tourisme, de l’économie sociale et solidaire.
Ce projet, qui est dédié à la couture, au tissage, Zarbia la broderie… s’assigne pour objectif de soutenir les femmes rurales de Foum Oudi connue par la pauvreté et la précarité. Actuellement, nos nouveaux produits portent sur le tricot, l’habit traditionnel en général, la djellaba, takchita et le caftan…
Avez-vous participé à des salons d’artisanat et à des foires aux niveaux provincial et régional ?
Effectivement, la participation à des salons nous permet de s’ouvrir sur notre environnement extérieur. C’est une occasion de faire connaître nos produits, de tirer profit des expériences des autres coopératives et de chercher à promouvoir la commercialisation de nos produits à l’échelle provinciale et régionale et pourquoi pas nationale. Et grâce à notre volonté, le projet Dar Saniaa a réalisé d’énormes progrès au niveau de la production grâce surtout à l’établissement d’une bonne communication entre Dar Saniaa et les opérateurs sociaux économiques, aux réseaux sociaux… Cependant, il est indispensable de créer un site destiné au projet parce qu’on a grand besoin de faire de la publicité pour nos produits en vue de réaliser les objectifs escomptés.
Et en tant que présidente de l’Union des coopératives de Foum Oudi pour l’artisanat traditionnel (coopératives du tissage et de la couture) je déploie des efforts considérables afin que notre projet porte ses fruits. Le projet Dar Saniaa bénéficie actuellement à un grand nombre de femmes qui voudraient insuffler une nouvelle dynamique à leur patrimoine malgré les grands défis qu’il faut relever. L’objectif étant de participer à l’autonomisation de ces femmes et la transformation de leurs compétences artisanales en une source de revenus. Le projet Dar Saniaa n’est pas uniquement un projet économique mais le parcours d’un grand nombre de femmes et un engagement afin de protéger et de perpétuer les fondements d’un héritage et d’un patrimoine culturel riche.
Quelles sont les contraintes qui jugulent la promotion de votre projet?
Derrière chaque pièce traditionnelle méticuleusement réalisée se dresse une femme qui déploie des efforts considérables sans garantie d’un revenu immédiat. Les artisanes affiliées à l’Union des coopératives travaillent de longues heures au tissage, à la broderie et à la couture, sans percevoir de rémunération tant que les produits ne sont pas vendus, ce qui les expose à des pressions économiques et sociales considérables. Entre la nécessité de subvenir aux besoins de leur famille et l’attente d’opportunités de vente, l’artisanat, censé être une source de revenus, se transforme en une charge quotidienne nécessitant compréhension et soutien urgent.
En plus, le problème de la commercialisation de nos produits est la source de nos contraintes. Malgré l’existence d’équipement à la hauteur de nos attentes, à la créativité des femmes qui œuvrent dans notre projet, on a besoin de soutien et d’encouragements de la part des opérateurs concernés.
Ainsi, nous lançons un appel à toutes les parties prenantes afin qu’elles nous prêtent main forte afin de permettre à notre coopérative de participer à des foires artisanales, de faciliter l’accès aux matières premières à des prix abordables, garantissant ainsi la pérennité de la production, d’allouer un soutien financier direct et urgent aux artisanes, en évitant de conditionner leurs revenus uniquement à la vente des produits…