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Zouhair Mohammed El Aoufir : «Nos aéroports répondent aux normes les plus exigeantes»

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Interview de Zouhair Mohammed El Aoufir, directeur général de l’ONDA

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Dans cet entretien, le DG de l’ONDA revient sur les derniers investissements menés par l’Office sans oublier les inaugurations d’infrastructures dernier cri. Il est également question des orientations stratégiques de l’ONDA et des plans d’investissements pour les prochaines années.   

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ALM : Plusieurs nouvelles infrastructures aéroportuaires viennent d’être inaugurées récemment. Quelle est l’orientation générale et stratégique qu’on peut donner à ces projets ?

Zouhair Mohammed El Aoufir : L’ONDA a entamé dès 2014 un réajustement stratégique caractérisé par la reconfiguration intelligente et la relance de grands chantiers d’investissement en arrêt depuis 2010 ou n’ayant pas atteint leur vitesse de croisière (terminal 1 de Casablanca, aéroports de Marrakech, Fès, Centre de contrôle régional d’Agadir, Guelmim, Errachidia, Zagora, …). Ce réajustement a permis de surmonter les différents obstacles et contraintes cumulés au fil des années précédentes au sein de l’Office et à mettre en place les mécanismes nécessaires pour achever l’ensemble de ces chantiers. En effet, le 22 janvier 2019, Sa Majesté le Roi Mohammed VI nous a honorés par l’inauguration du nouveau terminal 1 de l’aéroport Mohammed V; un projet structurant à la hauteur des aspirations de la capitale économique du Royaume, qui a apporté une capacité d’accueil supplémentaire de 7 millions de passagers par an, portant ainsi la capacité globale de cet aéroport à 14 millions de passagers. Nous avons également présenté à Sa Majesté lors de cet évènement des projets structurants de l’Office, dont la construction a été achevée, il s’agit de :

• Aéroport de Guelmim : Mis en service le 25 janvier 2019, d’une superficie de 7.000 m2 permettant d’atteindre 700.000 passagers par an;
• Aéroport d’Errachidia : Mis en service le 31 janvier 2019, d’une superficie de 3.500 m2 d’une capacité de 300.000 passagers par an.

• Aéroport de Zagora : Mis en service le 4 f évrier 2019, s’étendant sur une superficie de 2.700 m2, d’une capacité de 250.000 passagers par an.

Avec ces réalisations, l’ONDA affirme son ambition d’accompagner les différentes stratégies nationales, de contribuer à la consolidation de la vocation Hub de l’aéroport Mohammed V, et de participer au désenclavement des régions du Maroc et au développement de leur potentiel économique.

Quels objectifs en attendez-vous à moyen et long termes ?

Comme j’ai dit, nous sommes à la fin d’un cycle d’investissement, dont l’objectif principal était consacré à l’accroissement de la capacité d’accueil de nos aéroports pour accompagner le développement du trafic aérien. Grâce aux effets positifs de la politique de libéralisation du transport aérien adoptée par notre pays nous arrivons à doubler tous les dix ans le trafic aérien enregistré, avec une capacité d’accueil annuelle de 37 millions de passagers.

En effet, le trafic aérien durant la période 2014-2018 a enregistré une moyenne d’évolution annuelle de l’ordre de 6,84 %. Pour 2018, nos aéroports ont accueilli un trafic aérien de 22,5 millions de passagers avec une évolution de l’ordre de 10,4%. Cette évolution du trafic aérien est en phase avec le Schéma directeur aéroportuaire, qui prévoit la continuation de la tendance haussière à court et moyen termes, avec un trafic aérien estimé à 70 millions de passagers à l’horizon 2035.

Aujourd’hui nous entamons une nouvelle phase, avec de grandes ambitions et des projets de grande envergure; dans ce cadre nous envisageons de tirer profit de l’éventail d’opportunités qui s’offrent au secteur public dans le cadre de la loi nationale régissant le partenariat public-privé. Nous envisageons de mettre à contribution ce nouveau concept pour le financement d’un aéroport spécialisé dans l’aviation d’affaires à Tit Mellil dans la région de Casablanca, un nouveau terminal à l’aéroport Mohammed V et un autre aéroport à Marrakech ainsi que divers autres projets en cours d’étude.

Parallèlement, nous continuons nos efforts pour consolider la transformation de l’ONDA vers un nouveau modèle économique et opérationnel moderne, performant et exemplaire, permettant de faire face aux mutations et défis du transport aérien tant au niveau national qu’international.

Dans ce cadre, nous travaillons en étroite concertation avec les autorités de tutelle pour l’élaboration d’un contrat programme avec l’Etat, dans l’objectif d’accompagner l’évolution du secteur aérien et d’assurer son alignement avec les stratégies gouvernementales. Ce contrat programme permettra d’acter les objectifs stratégiques, techniques, économiques et financiers qui sont assignés à l’ONDA ainsi que les engagements des deux parties pour les prochaines années à venir. Et dans la même vision, mettre en place une stratégie future de l’Office, concertée avec les parties prenantes, qui arrêtera les orientations et les objectifs, notamment pour garantir le développement des capacités aéroportuaires, la qualité de service, la sûreté et la sécurité, les investissements y afférents et leur plan de financement.

Quelles sont les principales nouvelles infrastructures que l’ONDA envisage de réaliser dans la période 2018-2022? et pour quel volume d’investissement global ?

Les principaux projets visant l’extension de la capacité dans la période 2018-2022 portent sur les projets ci-après :

• Aéroport Mohammed V à court terme:

• La réalisation d’une zone centrale.

• La construction d’une nouvelle tour de contrôle.

• Le développement d’un nouveau terminal.

• La construction du nouveau terminal de Rabat-Salé pour lequel Sa Majesté a procédé le 19 décembre 2018 à la pose de la première pierre.

• La construction du nouveau terminal de Tanger.

• Le réaménagement et l’extension du terminal d’Agadir.

• Le réaménagement du terminal 1 de Marrakech-Ménara.

Ces projets visent à accompagner l’évolution du trafic aérien prévue par le Schéma directeur aéroportuaire et consolider les atouts économiques des différentes régions du Maroc.

En plus des infrastructures, il y a également le volet de la gestion aéroportuaire. Quelles sont les principales nouvelles orientations de l’ONDA en la matière ?

Nos aéroports répondent aux normes les plus exigeantes en termes de sûreté, de sécurité et de qualité de service; une conformité que nous veillons toujours à maintenir, que ce soit à travers notre dispositif d’écoute de notre clientèle ou à travers les programmes de certification de nos aéroports et notre adhésion aux programmes de mesure et d’évaluation, notamment le programme ASQS de l’ACI qui permet d’identifier les pistes d’amélioration pour accroître la performance de la qualité de service au niveau des aéroports et faire aussi un benchmark avec les aéroports internationaux inscrits dans cette même démarche. Nous œuvrons toujours à améliorer la qualité de nos services et nos procédés de gestion pour être toujours à même de répondre aux attentes de nos passagers et usagers. Ainsi nous avons pu développer en interne un système performant baptisé «Smart Airport» pour pallier en temps réel les anomalies qui touchent le fonctionnement des équipements aéroportuaires. Nous avons couvert plusieurs aéroports par le réseau Wi-Fi pour permettre à nos passagers de se connecter à titre gracieux via leur smartphones et ordinateurs portables. Nous avons également équipé le nouveau terminal 1 de l’aéroport Mohammed V par un système innovant permettant l’auto-enregistrement des bagages et leur reconnaissance intelligente permettant ainsi de réduire le temps de traitement. En tant qu’entreprise de services, nous veillons toujours à hisser la part des recettes extra-aéroportuaires dans la part du chiffre d’affaires, à travers la diversification de l’offre commerciale et l’introduction de nouveaux concepts commerciaux. Ainsi, nous avons à l’instar de l’aéroport Marrakech Menara introduit le concept «walktrought commercial» dans la gestion de nos espaces commerciaux, au nouveau terminal 1 de l’aéroport Mohammed V. En effet dans la plupart des aéroports modernes, à la sortie des contrôles d’émigration et des points d’inspection et filtrage, il y a un trajet commercial organisé par lequel passe le client, qui dispose d’une offre diversifiée par thème qui aboutit aux espaces de relaxation et de restauration à proximité des portes d’embarquement. L’ONDA a privilégié dans ce cadre ce qu’on appelle des masters concessions au profit d’opérateurs connus et reconnus au niveau mondial suite à des appels d’offres internationaux. Cette approche a permis à l’ONDA de bénéficier de l’expérience et du savoir-faire d’opérateurs internationaux, ce qui, d’un autre côté, génère pour l’ONDA des revenus importants à même de rentabiliser les investissements réalisés dans le cadre de ces projets d’extension aéroportuaires.

L’aéroport est le plus souvent le premier point de contact du visiteur étranger avec le Maroc. Comment agit l’ONDA pour que cette première expérience soit positive ?

En effet, l’aéroport est le premier contact du visiteur étranger avec le Maroc, et en tant qu’entreprise de service, l’ONDA veille pour que cette image soit positive et révélatrice de l’image de marque de notre pays terre d’hospitalité et de brassage des cultures. Nous veillons en étroite collaboration avec tous nos partenaires à ce que le passage des visiteurs du Maroc dans nos aéroports se passe dans les meilleures conditions possibles, en veillant à réduire le temps réservé aux formalités de police et à l’acheminement des bagages et en mettant à leur disposition une offre diversifiée de prestations de services.

L’ONDA veille également à garantir un accueil de qualité à ses clients, en mettant à leur disposition différents moyens pour les informer, les orienter et les divertir à l’intérieur des aéroports. Ainsi une connexion Wi-Fi gratuite a été déployée au niveau des principaux aéroports du Royaume, à savoir Casablanca, Marrakech, Fès, Rabat, Agadir, Tanger et Oujda et qui concernera bientôt les plates-formes secondaires. Nous avons équipé les aéroports de Casablanca, Marrakech et Rabat de «Food Courts» de qualité, qui proposent plusieurs enseignes de restauration qui répondent aux différentes tendances gastronomiques.

Les passagers de nos aéroports peuvent bénéficier de services d’agents d’information et d’orientation d’opérateurs sélectionnés suite à des appels d’offres lancés par l’ONDA, professionnels et reconnaissables ils fournissent les informations nécessaires aux passagers aux différents aéroports concernés. Je tiens à préciser dans ce sens que les efforts de l’ONDA pour l’amélioration de la qualité des services vient d’être à nouveau couronné par le Conseil international des aéroports (ACI) qui a décerné à l’aéroport Mohammed V pour la deuxième année consécutive la première place en Afrique – édition 2018 dans la catégorie des services rendus à la clientèle.

Les prix annuels de la qualité des services aéroportuaires identifient les meilleurs aéroports au monde selon le sondage ASQ « Airport Service Quality» de satisfaction des passagers mené par ACI. Cette enquête porte sur une multitude d’indicateurs clés relatifs notamment aux services fournis, aux délais d’attente, à la courtoisie, la propreté…..

Et pour être toujours à l’écoute de nos clients, nous avons mis en place des bornes «Happy or not» installées sur les étapes clés du parcours du passager pour récolter à « chaud » l’avis des passagers, par le biais de questions ludiques sur la propreté des blocs sanitaires, l’enregistrement des bagages, l’offre commerciale proposée ou les points de restauration. Ces informations remontent automatiquement et leur traitement se fait en temps réel permettant aux agents d’intervenir immédiatement pour corriger les éventuelles anomalies.

Comment concilier entre la nécessité d’assurer au passager la meilleure qualité de service, notamment en termes de fluidité, d’un côté, et de l’autre, les impératifs de sécurité ?

Dans le domaine de la sûreté des aéroports et de ses usagers, notre pays a beaucoup investi en moyens humains et matériels visant à assurer la protection de l’aviation civile au niveau de l’ensemble des aéroports marocains.

Ces investissements ont porté notamment sur l’acquisition des équipements les plus sophistiqués, le renforcement des systèmes de vidéosurveillance et de contrôle d’accès, la mise en place des systèmes anti intrusion au niveau des clôtures des aéroports.

Parallèlement, et à l’instar des aéroports internationaux, le nouveau terminal de l’aéroport Mohammed V vient d’être équipé par un système automatisé de reconnaissance et de contrôle des cartes d’embarquement déployé à travers des portes automatiques dites de pré-sécurité (E-gates).

Ce système permet la validation des cartes d´accès à bord en comparant avec la base de données de vol de l´aéroport, avec une série de paramètres prédéterminés tels que la date, la validité du code à barres, la vérification de doublons… il permet également de suivre le passager dans l’enceinte aéroportuaire en faisant le lien entre la lecture initiale à l’entrée de la zone stérile (PIF) et des lectures subséquentes par des équipements portatifs. Ce dispositif innovant permet d’améliorer la ponctualité en permettant aux compagnies aériennes un accès à la base de données et de réduire le temps d’attente aux différents points de contrôle.

Vu l’aspect primordial de la sécurité aéroportuaire, nous veillons à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires de sûreté auxquels je tiens à travers votre tribune leur rendre un vibrant hommage pour leurs efforts louables qu’ils exercent quotidiennement pour sécuriser nos plates-formes aéroportuaires et qui expliquent la confiance placée en nous par nos touristes et passagers.

Nos actions communes visent à atténuer l’impact des mesures de sûreté sur la qualité des services rendus aux passagers et sur la fluidité d’écoulement de leur flux aux différents aéroports; une mission d’une grande importance que nous assurons quotidiennement dans le cadre des réunions de concertation au sein des comités locaux de sûreté.

La tendance mondiale en matière de gestion aéroportuaire se dirige vers une plus grande implication des opérateurs privés. Qu’en est-il pour le Maroc et l’ONDA ?

La réalisation de projets d’infrastructures d’envergure nécessite des capitaux importants qui dépassent la capacité financière de l’ONDA, les besoins en capitaux provenant du privé sont l’un des éléments qui nous ont conduit à mener la réflexion pour le changement de notre modèle économique.

Le recours au partenariat public-privé est rendu possible, après la promulgation de la loi N° 86-12 qui constitue un outil contractuel sécurisé et innovant pour la réalisation. Ce cadre légal donne la possibilité de confier une mission globale de financement, de conception, de construction ou réhabilitation, d’exploitation et de maintenance d’un ouvrage, à un seul titulaire, qui porte la responsabilité du projet vis-à-vis de la personne publique.

Dans ce cadre, l’ONDA conduit actuellement plusieurs études stratégiques pour l’élaboration des business plans nécessaires au développement d’un aéroport spécialisé dans l’aviation d’affaires à Tit Mellil, d’un aéroport dédié au fret aérien à Benslimane. Une autre étude concerne le développement de la deuxième tranche de l’aéropôle de Casablanca Mohammed V et la définition de son modèle de mise en œuvre. Bien entendu, ces études une fois achevées seront réalisées par le secteur privé et nous envisageons d’appliquer ce mode de gestion pour le développement d’autres infrastructures.

Comment peut-on sécuriser les investissements importants en infrastructures tout en préservant les équilibres financiers de l’Office ?

Je tiens à souligner pour répondre à votre question que l’ONDA est un établissement qui réalise des investissements très importants en infrastructures et en équipements aéronautiques, il est donc tout à fait naturel comme toute entreprise de cette catégorie de recourir au financement externe. Ainsi, en plus de l’autofinancement, l’ONDA a recours à plusieurs modes pour financer ses investissements :

• Le financement de manière classique en recourant aux banques commerciales nationales.

• Le recours au marché financier par l’émission d’emprunts obligataires, comme c’était le cas en 2010.

• Le partenariat avec plusieurs institutions financières internationales, notamment la BAD qui s’est associée à l’ONDA pour le financement de plusieurs projets aéroportuaires.

Il est à noter que les changements structurels opérés ces dernières années au niveau de la gestion et de la bonne gouvernance nous ont permis une maîtrise des charges, une optimisation de nos financements tout en inscrivant le chiffre d’affaires sur une tendance haussière.  Le chiffre d’affaires de l’ONDA a ainsi progressé en moyenne annuelle de 6,5%, passant de 2,7 milliards de DH en 2012 à 3,7 milliards DH en 2017, tiré par l’évolution favorable du trafic passagers et par les redevances non aéronautiques qui ont évolué de +9,3% par an.  L’évolution favorable des revenus et la maîtrise des charges d’exploitation ont permis à l’ONDA d’améliorer son résultat d’exploitation, passant de 714 MDH en 2012 à 1.247 MDH en 2017, soit une progression moyenne annuelle de 11,8%. Le résultat net a, par ailleurs, atteint 536 MDH en 2017, soit une marge nette sur chiffre d’affaires de 14,3% et une rentabilité des fonds propres de 10,4%. En outre, la contribution au budget général de l’Etat est passée de 125 millions DH à 471 millions DH durant les exercices 2012 et 2017.

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