Un des effets induits connus des programmes sociaux est leur propension à créer des «appels d’air».
Quand les pouvoirs publics avaient lancé, en 2004, le programme «Villes sans bidonvilles», près de 270.000 familles éligibles avaient été recensées. 20 ans plus tard, un nouveau recensement des familles qui ont déjà été relogées et celles, les dernières, qui vont l’être, fait état de quelque 465.000. La population ciblée par le dispositif a donc augmenté de 72%, presque le double de ce qu’elle était censée être. Les responsables des politiques publiques surtout celles à caractère social et comportant des composantes d’aides et subventions connaissent tous ce phénomène.
Pour les programmes qui s’étalent sur le long et très long terme, les évolutions des populations cibles sont naturelles ne serait-ce qu’à cause du facteur démographique. Mais des incitations et aides publiques attirent inévitablement aussi une population d’individus malveillants et fraudeurs. C’est là une donne universelle.
D’où l’importance cruciale des dispositifs de pilotage, de monitoring et de traçabilité, grâce entre autres au digital, lors de la phase d’exécution en plus, bien entendu, de la clarté des procédures et des textes. Mais hormis ces garde-fous techniques, légaux, procéduraux, administratifs et autres, le meilleur moyen d’immuniser au mieux ces politiques publiques sociales contre les intrus et autres fraudeurs est leur appropriation collective de sorte que chaque acteur, y compris les bénéficiaires, s’en sente lui-même un gardien.