Editorial

Arrête ta science !

© D.R

La recherche d’un nouveau mode de scrutin passionne le Maroc profond, la classe politique, l’Association de la Boule Lyonnaise de Bousbir El Kédim et nous-même accessoirement.
Ce concept, complexe et évolué, a fait une intrusion remarquable dans la vie politique marocaine. Sa maîtrise pose des problèmes métaphysiques à tous les acteurs politiques. Ils font semblant de le comprendre, de le manier avec aisance et de le formuler avec expertise. C’est très louche. On ne peut pas passer si vite de la théorie politique du méchoui électoral, du couscous programmatique, du billet de 200 dirhams forgeur de convictions, de l’accréditation monnayée à une analyse docte et scientifique du mode de scrutin, sans que l’on soit un peu étonné. Cette reconversion rapide de nos politiques est louche. Je les soupçonne, encore une fois, de nous bourrer le mou. Il faut faire gaffe. Le Maroc a envie de choisir le mode de scrutin proportionnel par quota consensuel uninominal à un ou deux tours concomitants au plus fort reste avec la moyenne provinciale pondérée sur la base de la technique des listes régionales. Alors où est le mal ? C’est notre pays, on y fait ce qu’on veut. Non. La souveraineté commence par là.
Le mode de scrutin proportionnel par quota consensuel uninominal à un ou deux tours concomitants au plus fort reste avec la moyenne provinciale pondérée sur la base de la technique des listes régionales, je le répète, est notre avenir. Surtout si le méchoui est toujours bon, les candidats aussi ignares, les billets de 200 dirhams aussi bleus, les électeurs aussi pauvres, les accréditations aussi faciles, les programmes aussi nuls et notre classe politique aussi brillante, élégante et parfumée.
Avec ce système qui respecte notre riche tradition électorale et qui, en même temps, nous projette dans l’avenir moderne et mondialisé de la démocratie contemporaine, on est sauvés. Dans les élections marocaines, désormais, il n’y aura plus jamais que des gagnants. Aucun perdant. C’est un raffinement de la démocratie à un point tel que la Suède, par exemple, elle-même, passerait pour une république pommière ( il faut changer de temps en temps, et arrêter de heurter inutilement la sensibilité de la banane).
Dans ces conditions optimales, si un parti se débrouille pour concocter un programme sympa qui traduise notre génie politique du moment, il fait un malheur. Un programme radical et révolutionnaire basé sur les forces citoyennes socialistes et libérales pour l’avènement du communisme patronal et du capitalisme ouvrier, écologique et centriste ferait un carton. À condition qu’il exprime clairement son choix pour les droits de l’homme, de la femme, des enfants et de la belle famille quand elle a du répondant, ça serait le top. On voit d’ici le résultat.
Non, il faut y aller. Quand on ajoute de la confusion à la confusion, on ne peut que tirer les marrons du feu. Faire de la politique aujourd’hui est plus facile qu’hier. Il y a un bon assortiment de programmes sur le marché, soldés et pas chers, des politicologues qui baissent les prix sur les analyses, une offre de modes de scrutin alléchante et un ministre de l’Intérieur conciliant. Que veut le peuple ? Avec ça, il va pas nous demander en plus des élections libres.

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