Editorial

Au revoir et bonsoir

© D.R

Les deux ambassadeurs, l’Espagnol et le Marocain, ont rejoint leurs postes respectifs après une logue crise. On s’en réjouit. Non pas que tous les éléments objectifs qui ont concouru à la crise aient, tout à coup et subitement, disparus mais parce que, à la faveur de cette sérieuse tension, tous les problèmes qui opposent le Maroc à l’Espagne sont aujourd’hui, sérieusement et scrupuleusement, listés. Le non-dit est désormais remplacé par le dit. Les actes manqués du passé récent, de l’un ou de l’autre, sont devenus des positions explicites dûment cataloguées.
Maintenant, est-ce que M. Salgado et M. Baraka sont les meilleurs ambassadeurs dont les deux pays puissent rêver pour accompagner la nouvelle phase de détente « vigilante et sourcilleuse » qui s’annonce? La réponse est non, pour au moins trois raisons. 1- Leurs profils respectifs ne sont plus techniquement et psychologiquement adaptés à la nouvelle forme de relation que les deux pays appellent de leurs voeux. 2 – Ils sont trop marqués par la crise dans laquelle, d’une manière ou d’une autre, leurs responsabilités personnelles, ne serait-ce que sur le plan formel, sont engagées. 3 – Ils ne sont, peut être pas, les plus mauvais ambassadeurs que nous ayons eu de part et d’autre du détroit, mai ils ne sont pas, non plus, historiquement les meilleurs alors que la nouvelle donne hispano-marocaine nécessite, sur le plan opérationnel, des calibres plus forts et, sur le plan emblématique, des personnalités plus éminentes.
Ce n’est, sans doute, pas de notre part, une manière très sympathique de saluer le retour de ces deux diplomates mais la franchise dans les rapports que les deux pays ont choisi comme méthodologie de bon voisinage nous impose, accessoirement, à nous, de commencer tout de suite.
Ceci étant, ni Madrid ni Rabat ne semblent être dupes sur cette question. Le parallélisme des formes a voulu, selon les bonnes manières diplomatiques, que les partants reviennent mais les deux capitales semblent, aussi, être bien au fait de la nécessité de faire du neuf avec du sang neuf. Et l’on s’en réjouit d’avance.
Toutefois, au-delà de ces préliminaires de bon sens, la crise hispano-marocaine a laissé voir au grand jour des divergences extrêmement importantes, des approches diamétralement opposées et des légitimités complètement contradictoires. Réduire ces fractures ne va pas être une tâche aisée et ce ne sont ni les postures formelles, ni les enthousiasmes fugaces, ni les excès d’auto-congratulations, réciproques et mutuelles, qui vont nous permettre de dépasser réellement et par magie tous nos différends. Sachons en toutes choses garder la mesure, ce n’est que comme cela que l’on pourra forger un nouveau destin pour les deux pays.

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