Le problème avec la démocratie c’est que l’on peut en parler, lui faire référence, l’envisager ou l’aborder sans que les gens vous prennent au sérieux. Les Marocains sont comme cela. Simples et crédules. Ils croient tout ce que l’on leur promet. Non pas par naïveté —c’est comme l’innocence, nul n’est censé l’être — mais, plutôt, par foi en l’avenir. Égalité des chances, égalité des droits, égalité des devoirs, liberté d’expression, Etat de droit, justice indépendante, devoir de solidarité, respect des différences, droits fondamentaux, etc. La litanie démocratique est longue. S’accomplit-elle instantanément, intégralement, partout et en tout temps ? Peu probable. C’est un combat permanent mais qu’il vaut mieux commencer très tôt. Et sérieusement. Peut-on arrêter le progrès de la démocratie en lui opposant, constamment, la culture, c’est-à-dire les valeurs culturelles dominantes ? Justement, celles qui font peu de cas des minorités, des exclus, des faibles, des reclus, des perdus, des honteux, des cachés, des paumés, des juste différents, ou des marginalisés. NPNS (Ni Putes, Ni Soumises), ce n’est pas notre culture ! L’homosexualité, ce n’est pas notre culture ! La différence, ce n’est pas notre culture ! La tolérance, peut-être, n’est pas notre culture non plus! Alors c’est quoi notre culture ? On n’en sait plus rien. L’administration, en dernière instance, décidera pour nous. C’est quoi, enfin, la démocratie ? C’est, probablement, ce qui restera quand on aura tout interdit au nom de valeurs que personne n’arrive plus à définir.