L’argument avancé par les autorités iraniennes pour répondre au communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères au sujet de la rupture des relations diplomatiques contient, en abyme, sa propre réfutation. L’évocation de l’unité de la Oumma islamique et de la cause palestinienne consolide de fait la démonstration du Maroc et conforte point par point les griefs tels qu’ils ont été formulés. Pour faire court: 1) Le souci de l’unité de la Oumma islamique ne doit pas devenir le vecteur agressif de la vulgate chiite. Une exclusivité néfaste. 2) L’usage fonctionnel de la cause palestinienne est illégitime car il ne se fonde, du point de vue des responsables iraniens, que sur l’inféodation par Téhéran des mouvements les plus en vue sur le terrain — et pas toujours en conformité avec les intérêts réels du peuple palestinien. L’unité de la Nation musulmane et la cause sacrée palestinienne servent, alors, de levier pour consacrer un éventuel leadership iranien. Cela, dans les faits, relève plus de la rhétorique politicienne que d’une projection de puissance qui a les moyens de son déploiement. Le verbe amplifié, et ampoulé, se substituant à des actes improbables. La même mécanique fonctionne, par ailleurs, dans la gestion du fameux dossier du nucléaire iranien qui peut aboutir, à terme, à cause du même leadership immature, et aléatoire, à un drame pour tous les peuples de la région dans le droit-fil de la martyrologie chiite traditionnelle.