Editorial

Bonjour

Que retiendra l’Histoire du Maroc de Abdellatif Filali ? Certainement beaucoup de choses. Elle saura, avec justice, faire la part entre les sacrifices d’un commis de l’Etat de la première heure qui a consacré toute sa vie à servir le bien public et l’homme politique dont le parcours fût, à corps défendant, parfois chahuté mais qui ne s’est jamais départi du sens de la mesure et de la tempérance. Sur la question de la loyauté et la fidélité au régime et à la famille royale, il est clair, même quand des questions personnelles et familiales sont devenues une vraie croix pour lui, il n’a jamais faibli. Il pouvait être parfois blessé mais dans le silence, il pouvait être parfois choqué par certaines attitudes mais il restait digne et il pouvait être en colère mais sa tempérance, encore une fois, prenait toujours le dessus. Abdellatif Filali a fait ses classes dans la diplomatie en tant qu’ambassadeur puis en tant que ministre. Il en a connu tous les arcanes. Quand il a fallu servir davantage il fût nommé Premier ministre. Le Maroc s’éveillait doucement à la démocratie, et lui était un homme qui n’était pas autoritaire. Cela tombait bien, le pays entrait petit à petit en transition démocratique. Les choses avançaient tant bien que mal. Et même quand au sommet de l’Etat des divergences sérieuses pouvaient apparaître, notamment avec Driss Basri et son puissant réseau, Abdellatif Filali ne se livrait jamais à une subalterne guerre de clans qui pouvait nuire à l’intérêt général. Il ne faisait ni dans la violence, ni dans les règlements de comptes, ni dans la vengeance. La période était «policée» et le Roi Hassan II veillait scrupuleusement à ce que les choses gardent une certaine tenue. Quand l’alternance s’est imposée avec, en 1998, l’arrivée de Abderrahmane Youssoufi à la Primature, Abdellatif Filali, formé à la politique dans le sillage du mouvement national, a versé naturellement son écot au changement programmé. Il se peut, quelquefois, que la «sortie» d’un grand commis de l’Etat ne soit pas à la hauteur de sa carrière. Le destin réserve, insidieusement, parfois, des épreuves inutilement blessantes.

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