Pouvons-nous échapper à un commentaire sur l’effondrement du football marocain ? Il est difficile d’y échapper compte tenu de l’impact, néfaste et généralisé, de la défaite contre le Gabon — une exclusion de fait de la prochaine Coupe du monde — sur l’opinion publique. Un vrai deuil national. Celui-ci, une fois dépassé, devra être, certainement, suivi par une remise en cause radicale d’un système et de structures qui ne fonctionnent plus. Pour ne pas s’attarder, davantage, sur les seuls malheurs du football — des confrères experts s’en occupent avec talent — il faut remettre cette crise dans le cadre de l’état d’exception général qui caractérise la gestion du sport au Maroc dans sa globalité. Aujourd’hui, encore, la succession à la tête de la Fédération de tennis nous donne un exemple caricatural de ce type de fonctionnement. Sur le diagnostic du sport national, on ne peut pas dire plus et mieux que ce qui a été avancé lors des Assises du sport d’octobre 2008 dont personne n’a oublié les termes, justes et sévères, de la Lettre Royale qui a ouvert les débats. L’accueil dithyrambique, flagorneur et hypocrite que les acteurs, unanimes, de ce secteur — les responsables, en fait, de son naufrage — ont réservé aux Assises, nous a laissé croire, et on ne s’y est pas trompé, que ces gens-là se préparaient à tuer dans l’œuf, à étouffer, cette initiative pour que rien ne change. Or, nous sommes dans un domaine où nous savons exactement de quoi on est malade. Une absence criarde de gestion démocratique. Un encadrement usé et rompu. Des textes vieillots. Une carence de moyens. Une formation inadaptée ou inexistante. Une vision non partagée etc. La liste est longue et connue. Nous ne prenons pas la voie de la réforme du secteur car la volonté politique qui doit conduire le changement est faible ou, ce qui revient au même, ne s’exprime pas avec suffisamment de vigueur et de légitimité.