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Abdelilah Benkirane, le patron du PJD, a-t-il enfin trouvé ses marques ? Depuis son élection à la tête de la formation islamiste, le 21 juillet 2008, il semble chercher un style, un mode de gouvernance qui lui soit propre. Une démarche qui allie les traits caractéristiques de sa personnalité aux exigences de sa responsabilité. C’est difficile. De tempérament activiste, c’est un polémiste doublé d’un rhéteur. Il n’est pas à proprement parler un génie de la modération ni un archétype de la tempérance. Deux affaires coup sur coup lui ont mis du plomb dans l’aile au début de son mandat. L’affaire du compte royal pour Gaza et celle de Meknès : le limogeage de Aboubakr Belkora par le ministère de l’Intérieur. Il a été obligé, face à ces situations,  d’adopter un profil inhabituel pour lui, c’est-à-dire bas. Des excuses dans le premier cas, et une sorte d’acceptation de la fatalité dans le second. Son leadership semblait ébranlé. Surtout en comparaison avec celui de son prédécesseur, plus consensuel. Mais dans la vie politique rien n’est durablement acquis, même le pire. L’intrusion fracassante dans le champ politique marocain d’un parti comme le PAM, son effet déstabilisateur et ses attaques en règle contre l’establishment politique vont en quelque sorte «décaler» le PJD. Il va — aidé en cela par les excès du PAM — habilement sortir de la boîte dans laquelle il s’était laissé enfermer depuis les attentats du 16 mai 2003. Aujourd’hui, le PJD semble — la récente prestation à la télévision de Abdelilah Benkirane le démontre — plus serein, plus ouvert aux alliances, plus légitime, plus rassurant à l’égard de ses partenaires potentiels. C’est une nouvelle séquence qui s’ouvre pour le PJD, charge pour Abdelilah Benkirane de savoir l’accompagner en rompant avec ses vieux réflexes personnels.