Editorial

Bonjour

Pour légitimes qu’elles soient, les revendications des pilotes de ligne de la RAM aboutissent irrémédiablement, avec les grèves en rafles, en haute saison, à une destruction de la valeur de l’entreprise. L’objectif de la grève — un droit fondamental, au demeurant — n’est plus, au final, d’obtenir la satisfaction de revendications réalistes, mesurables dans le temps et quantifiables par rapport aux moyens de l’entreprise et de sa situation concurrentielle. Il s’avère que c’est de la casse de l’outil de production qu’il s’agit. C’est dommage pour une compagnie, justement, nationale alors que les grévistes du syndicat unique mettent en avant une revendication vaguement patriotique — la marocanisation du corps des pilotes —  fondée sur la préférence nationale. Un concept d’extrême droite. Ce conflit bascule à l’évidence dans l’irrationalité. Dans le domaine social comme dans le domaine politique, il n’y a pas de crise sans sortie de crise assumée et préparée. Le début de solution à un conflit de cette nature commence par le fait que les acteurs doivent d’abord cesser de se délégitimer mutuellement. Les pilotes certainement ragaillardis par la saison des limogeages — l’affaire du wali de Marrakech est encore dans toutes les mémoires — ont donné à leur cause une tournure étonnamment personnelle se résumant principalement à une campagne «personnalisée» contre leur président-directeur général. Obtenir la tête du PDG — cela s’est déjà vu dans l’histoire récente de la RAM — ne réglera certainement pas la question de la survie de l’entreprise dans un secteur en mutation rapide. Le PDG lui-même, comme ses prédécesseurs, conscient de ses responsabilités, notamment financières, s’arc-boute sur les fondamentaux de l’entreprise — les grands équilibres — sur lesquels il doit veiller en tant que manager. La grève de 3 jours annoncée par les pilotes, du mercredi au vendredi prochain, en plein mois d’août est une grève injuste pour une cause, peut-être, juste mais de plus en plus illisible. Cette nouvelle grève pénalisera sévèrement les clients pris en otages dans un conflit ubuesque et videra d’avantage la compagnie de sa substance.

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