Editorial

Chacun sa cause

Trois cent cinquante kilos de TNT juste pour faire exploser un homme. Rafic Hariri ne devait pas avoir que des amis. C’est sûr. En tout cas, ceux qui ont fait ce coup odieux devaient être très convaincus que le lâche assassinat de l’ex-Premier ministre libanais, un homme civilisé et pacifique, allait servir leur cause. Laquelle, d’ailleurs ? On n’en sait rien. Il y a tellement de cinglés porteurs de causes dans ce foutu monde arabe que l’on n’en sait plus où donner, justement, de la cause.
Tous les intégrismes et les extrémismes réunis ont une cause. Souvent, c’est celle de Dieu qu’ils défendent, alors que Dieu ne leur a rien demandé. Ce n’est pas grave, ils font comme si et ils se font kamikazer en chantant des vieux tubes de Cheikh Kichk ou en rêvant à une partouze paradisiaque dans laquelle le vin est licite et les filles disponibles et vierges. Tout un foin alors que l’on trouve tout cela, si on n’est pas très titilleux sur la virginité, au Balcon 33 à Casablanca et sans faire de mal à personne.
Il y a aussi la cause de la Palestine. Ça, c’est une autre affaire, sauf que l’on retrouve les mêmes cinglés de la nouba divine qui balancent sur Abou Mazen et son espoir de paix des projectiles de toutes sortes, toujours en chantant et en rêvant à la même chose : une obsession.
La cause irakienne en est aussi une. Là, il y plus d’ambiance avec le DJ W et les Claudettes du Jihad, on s’éclate plus. A force de jouer aux chaises explosives, les Sunnites sont partis pour être marginalisés pendant les cinquante années à venir.
Une sorte de bail emphytéotique dont la négociation a été rondement menée par le Cabinet Zarkaoui et consorts. Une cause perdue d’avance.
Il y a, aussi, la cause sahraouie. Une belle affaire. Mais rien de nouveau à l’horizon sauf, peut-être, l’entrée en scène de Driss Basri dans le rôle de l’ex-commis d’État qui a perdu la foi. Un commis voyageur maintenant, qui se fait consoler par Alger. Il y a aussi la dernière sortie de Ali Lmrabet, qui découvre que le journalisme professionnel façon Doumane peut mener, dans la confusion absolue des genres, vers la trahison d’une cause nationale authentique.
Quant à l’UMA, on en cause toujours. Il y a le sommet Arabe à Alger, mais c’est accessoire. Cette fois-ci, Bouteflika ne peut pas se dérober par la porte de service. Il sera amené, en tant qu’hôte du sommet de toutes les causes perdues, à rencontrer S.M le Roi. Que se diront-ils ? À mon avis, rien. Nous n’avons plus rien à dire à ces gens-là depuis près d’un demi-siècle. Pourquoi voulez-vous que cela change aujourd’hui? Vraiment, il n’y a rien à tirer de cette affaire sauf, peut-être, une photo. Et encore, il va falloir écrire une légende qui ne fâche pas trop. Total pessimisme !
Chez les Arabes, une tradition peut-être syrienne, quand on n’explose pas la tête de quelqu’un avec 350 kilos de TNT, on le noie sous 350 litres d’hypocrisie gluante et adipeuse. Le résultat est le même: à la fin, t’es mort. Repose en paix Rafic. Ceux qui t’ont flingué n’auront ni putes, ni pinard au paradis. Il y a quand même une justice divine.

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