Complémentarité vs concurrence

Les opérateurs économiques, qui sont orientés « solutions » et business, montrent souvent la voie aux politiques. Le leader mondial de la logistique, Maersk, qui exploite en même temps dans les ports d’Algésiras en Espagne et Tanger Med au Maroc, a compris que ces deux infrastructures lui apportent plus de valeur si elles sont complémentaires et parfaitement connectées. Quand, au début des années 2000, le Maroc lançait la réalisation de son méga-port de transbordement, les analystes et experts du trafic maritime y voyaient plus un concurrent du port d’en face. L’opérateur, lui, y a vu une continuité et une complémentarité avec ses activités. Les années qui ont suivi lui ont donné raison. Aujourd’hui, Algésiras et Tanger Med, même distants d’une trentaine de kilomètres, sont presque un même complexe de part et d’autre du détroit. Ce concept de complémentarité, favorisé par la proximité géographique, d’autres opérateurs espagnols l’ont compris et exploité depui longtemps avec des chaînes de valeur qui s’intègrent parfaitement. La petite crise qui secoue actuellement le secteur agricole en Europe est essentiellement due à cette perception du Maroc et de ses opérateurs comme étant plus des concurrents. Or, dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire aussi, beaucoup d’opérateurs européens, notamment espagnols, tirent déjà beaucoup de bénéfices en exploitant les nombreuses complémentarités avec le Maroc. Des expériences qui gagneraient à être plus mises en avant.