Editorial

Convergence nihiliste

La grève de la faim lancée par les islamistes détenus dans les prisons marocaines après les attentats du 16 mai 2003, à Casablanca, ressemble fortement à un appel collectif à négociation. Jugés et condamnés, on se demande ce qu’ils peuvent encore négocier, sauf peut-être les conditions de leur détention -ce qui serait normal- si celles-ci s’avéraient être incompatibles avec leurs droits de détenus. Mais, pour le reste, le débat est, bien évidemment, sur le plan juridique, clos.
La lutte contre le terrorisme salafiste est globale. Le Maroc, touché dans sa chair, mène, pour sa part, un combat légitime, avec les moyens du droit contre cette terreur barbare. Ce combat, comme cette barbarie, sont multiforme. Il faut le dire. Avant le kamikaze poseur de bombe, il y a le logisticien. Avant le logisticien il y a le théoricien. Avant le théoricien, il y a le prêcheur. Avant le prêcheur, il y a l’islamiste complice. Et, avant l’islamiste complice, il y a le politicien islamisant, qui crée, par son discours et ses impostures morales, les conditions sociales objectives pour que la terreur soit légitimée. Ce schéma, nous le connaissons, et nous l’avons vécu dans la douleur, dans les larmes et dans le sang.
L’opposition systématique et nihiliste aux choix et aux avancées de notre pays a décidé, ces derniers temps, d’enfourcher le cheval de la défense des détenus islamistes en mettant en avant un discours sur les droits de l’Homme, qui serait recevable s’il n’était encore une fois instrumentalisé par les mêmes individus. Ceux-là mêmes qui ont fait de la haine de nos institutions un fonds de commerce, de la négation de nos progrès un credo et de la décrédibilisation de notre transition démocratique un sacerdoce et un métier.
Aujourd’hui, il s’agit d’absoudre les terroristes, d’angéliser leur démarche et de fortifier leur «légitimité» criminelle. On ne peut pas attendre mieux de nihilistes structurellement et maladivement liés à la nébuleuse internationale anti-marocaine.
Ce que nous observons au grand jour est donc clairement une convergence stratégique entre des nihilistes patentés et des salafistes égarés. L’objectif est de mettre à bas ce pays pour justifier les sombres prédictions des uns et l’absence lamentable de projet des autres. On ne peut pas faire vil commerce d’un pays. C’est indigne et ignoble. La situation des islamistes détenus est aujourd’hui le moteur de cette supercherie. Alors que chacun sait que, pour ces détenus, la seule voie de salut en dehors de la sincère rédemption et de l’honnête repentance est la grâce royale. C’est l’objet caché de la négociation qui est en cours d’une manière indirecte. Le rapport de force de nature droit-de-l’hommiste ne servant qu’à masquer cet enjeu.

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