Editorial

Courage, Jettou !

© D.R

Le Premier ministre, Driss Jettou, en engageant une nouvelle manche du dialogue social en vue de la modernisation du Code du travail marocain aborde un des plus importants dossiers de son mandat. C’est un dossier, de l’avis général, complexe et explosif qui invitera, sans doute, le chef du gouvernement à mettre en oeuvre toutes les qualités que l’on lui prête : modestie, sens de l’écoute, pragmatisme, solution pacifique des conflits, etc.
Le gouvernement précédent, celui de l’alternance, à défaut de consensus syndical, a dû en son temps battre en retraite en abandonnant ce projet, ni fait ni à faire, malgré les atouts dont il disposait lui-aussi. Driss Jettou a personnellement et intimement la genèse de ce code sous plusieurs angles et avec plusieurs casquettes. Il l’a connu comme patron, comme responsable du commerce et de l’industrie et comme ministre des Finances. Aujourd’hui, il l’attaque en sa qualité de Premier ministre. C’est dire que Driss Jettou connaît son sujet par coeur ainsi que tous les protagonistes de ce «psychodrame» national.
En fait, de quoi il s’agit ? il s’agit tout simplement de la modernisation des rapports qui existent dans notre pays entre tous les acteurs sociaux en garantissant deux libertés : celle du travail et celle du droit de grève.
Les droits des travailleurs et les droits, pour faire court, des patrons. Il s’agit aussi de fixer solennellement les devoirs des uns et des autres. Vous admettrez avec moi que personne, jusqu’à présent, ne pose le problème en termes de devoirs car cela fait probablement «réactionnaire», en ces temps où la logorrhée «progressiste» cache à peine tous les conservatismes, y compris les plus intégristes.
Du courage. Voilà ce qu’il faut pour franchir le pas. Une logique majoritaire, comme dans toutes les démocraties, doit s’imposer au niveau des deux Chambres pour que le Maroc soit doté, dans les meilleurs délais, d’une législation du travail susceptible de l’aider à relever les défis de l’emploi, de la croissance et de la mise à niveau. Si on excipe, encore, dans ce dossier, d’une logique consensuelle, rapidement, le Premier ministre risque de devenir l’otage des corporatismes, des démagogies et des populismes les plus établis.
L’acte fondateur, en termes d’acquis, pour le gouvernemental de Driss Jettou est incontestablement la réforme du code du travail. Réglementer et consolider le droit de grève, affirmer le statut des délégués syndicaux, garantir la sécurité et la protection des outils de production, permettre la liberté de travail, institutionnaliser le dialogue et Finalement, entreprendre tout ce qui concourt à l’amélioration de la productivité au sein de l’entreprise. On le voit bien, tout est à faire et la tâche paraît immense. Mais tout mérite d’être entrepris pour sortir de la jungle sociale actuelle qui ne sert, en fin de compte, ni les travailleurs, ni les employeurs et encore moins l’économie nationale.
Pour atteindre cet objectif, au-delà de tout calcul, Driss Jettou doit pouvoir bénéficier de la confiance et du soutien de tous. C’est vital pour le pays.

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