Dans sa dernière livraison de l’Economic Monitor de l’automne 2023, consacrée au Maroc et rendue publique en fin de semaine dernière, la Banque mondiale met en exergue deux faits majeurs qu’elle résume en une seule expression : de la résilience à la prospérité partagée. Le premier constat rappelé, parce qu’aujourd’hui largement admis, et dûment démontré par les indicateurs : la remarquable résilience dont a fait preuve l’économie marocaine ces dernières années et précisément depuis l’enchaînement des cycles de mauvaises conjonctures avec la pandémie qui a paralysé l’économie mondiale durant des mois, la flambée des cours mondiaux des denrées qui a engendré une vague inflationniste mondiale puis l’avènement du conflit armé à l’Est de l’Europe, le tout, avec en toile de fond, un cycle allongé de sécheresses et, pour finir, une catastrophe naturelle, à savoir le séisme destructeur d’Al Haouz. La résistance à une telle déferlante chaotique n’était pas acquise et bien des pays, y compris parmi les plus solides, y auraient laissé des plumes. Maintenant, et c’est le deuxième constat, ou plutôt recommandation de la Banque mondiale, pour une durabilité du modèle, le Maroc doit impérativement aller au-delà de la résilience en transformant l’essai pour tendre vers une «prospérité partagée». En d’autres termes, la solidité des fondamentaux et la bonne santé au niveau macroéconomique doivent pouvoir être ressenties au niveau des acteurs de la microéconomie dont principalement les ménages mais aussi les entreprises. L’absence, ou du moins la faiblesse, des courroies de transmission entre les deux étages a toujours intrigué les économistes marocains.