Editorial

De l’air, et vite !

© D.R

Nos villes sont sales et polluées. Nos usines rejettent ce qu’elles veulent comme déchets sans retenue. Nos plages sont quotidiennement attaquées par des acides divers. Notre air est de plus en plus irrespirable. Plus que nos villes, nos campagnes sont désormais touchées par une pollution de plus en plus irresponsable. Ce constat sans appel qui procède d’une dégradation générale du cadre de vie et du paysage marocains ne semble pas inquiéter outre mesure nos responsables alors que les citoyens sont écoeurés par cette dérive.
Mais le plus remarquable, aujourd’hui, alors que le Maroc rentre dans une campagne électorale que tout le monde souhaite vertueuse, aucun débat, pour l’instant, n’est initié à ce sujet. Les questions d’environnement ne semblent pas susciter l’intérêt de notre classe politique, qu’elle soit nouvelle ou ancienne. C’est ce silence qui est dangereux.
La dimension écologique et environnementale du développement est occultée comme si la seule recherche de l’investissement, de la croissance ou de l’emploi importaient. Or il est clair, et cela est devenu une évidence depuis Rio, qu’un développement ne peut être durable et générateur de bienfaits que s’il considère l’homme et son environnement comme une donnée essentielle. Nous ne sentons actuellement aucun intérêt particulier accordé par les partis politiques marocains à cette question alors que l’échéance électorale doit être en vérité le vrai rendez-vous, sur la base de programmes précis, pour distinguer quelles sont les structures partisanes porteuses d’un vrai projet de société.
Le discours sur l’environnement n’est pas une coquetterie d’intellectuels ou de politiciens originaux. C’est une affaire vitale. Et les élections doivent être un moment privilégié pour savoir ce que nous voulons faire de notre cadre de vie. En même temps les maladies respiratoires, dermatologique, allergiques, ophtalmologiques etc. rongent de plus en plus nos enfants, dans les villes et dans les champs. Un état des lieux sanitaire déplorable dont la pollution et les agressions répétées contre notre environnement sont la cause.
Devant ce gâchis, nos élus, pour l’instant encore candidats, sensibilisés à ces questions, doivent s’engager à ce que la future chambre des représentants et le gouvernement qui en sera issu, s’engagent à réserver une part importante de leur production législative à un encadrement par la loi des questions de l’environnement dans notre pays. À terme les pollueurs doivent être les payeurs. Toute agression contre le cadre de vie : une usine dangereuse qui ne maîtrise pas ses rejets, un bus polluant ou une activité artisanale dangereuse pour l’environnement, sera amenée à être sanctionnée d’une manière indiscutable et exemplaire. Cela n’empêche pas en même temps de déployer un gros arsenal publicitaire et médiatique pour la prévention, la sensibilisation et l’éducation. C’est le seul moyen durable pour installer une vraie culture de l’environnement dans ce pays.

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