Le grand mouvement vers la décarbonation de l’industrie marocaine ressemble à un remake d’une autre révolution qu’avait connue l’industrie marocaine dans les années 90 du siècle dernier.
A cette époque, le Maroc qui se préparait à s’arrimer à l’Union européenne à travers l’accord d’association devait impérativement reconfigurer son tissu économique pour le mettre au niveau de la compétition à laquelle il allait être confronté. Sans cela, les industries manufacturières, entre autres, filaient droit dans le mur avec tout ce que cela aurait pu engendrer comme conséquences néfastes sur les équilibres sociaux. Audacieux, pour certains même risqué, le choix pris par le Maroc de s’ouvrir à l’Europe s’est avéré payant et visionnaire malgré toutes les options et décisions douloureuses qu’il a fallu prendre.
Et c’est cela qui a permis d’asseoir les premières bases d’une véritable compétitivité et de la résilience que nous connaissons aujourd’hui à de nombreux secteurs de l’économie marocaine. La décarbonation est une mise à niveau bis ou ter car en 2026 ou au plus tard 2027, l’Europe achèvera pleinement la mise en œuvre de la taxe carbone, actée en 2022, qui frappera tous les produits arrivant à ses frontières. Pour rester dans la course et ne pas perdre des positions sur ce marché vital, les entreprises marocaines n’ont donc d’autre choix que de commencer dès aujourd’hui leur processus de décarbonation.
Cela dit et même si les deux situations se ressemblent, il y a une différence de taille : le Maroc semble cette fois-ci mieux préparé et plus outillé qu’il ne l’était dans les années 90 aussi bien sur le plan technique, technologique que législatif et réglementaire. Étant déjà et incontestablement en avance sur de nombreux pays compétiteurs de la région, la décarbonation pourrait donc constituer pour le Maroc une opportunité historique de passer définitivement et durablement dans la «world master class» industrielle.