Editorial

Désaisonnaliser le social

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Une fois n’est pas coutume, cette année le hasard du calendrier a voulu que la journée internationale des travailleurs, communément appelée aussi fête du travail, tombe la veille du grand retour du Salon international de l’agriculture après trois années de suspension à cause du contexte sanitaire. Même si de prime abord, les deux événements peuvent n’avoir aucun lien direct, ils peuvent se recouper et converger vers quelques enseignements instructifs. Le secteur agricole marocain en 2023 est aux antipodes de ce qu’il était il y a une quinzaine d’années. Ce constat est définitivement admis par tous les analystes et les professionnels et cette réalité est aujourd’hui illustrée par les indicateurs chiffrés et certifiés. La révolution agraire instiguée par le Plan Maroc Vert ne s’est pas seulement reflétée dans les indicateurs de performance économique mais aussi et surtout dans les conditions matérielles et sociales des millions de femmes, d’hommes et de familles qui vivent de l’agriculture. Un rêve poursuivi vainement depuis des décennies, voire depuis l’indépendance, les travailleurs du secteur agricole au Maroc bénéficient effectivement depuis quelques mois de leur couverture médicale et auront bientôt aussi droit à leur retraite. En 2022, le gouvernement a entrepris d’aligner le niveau du Smig dans l’agriculture sur les autres secteurs productifs. Une autre révolution. Bien que l’agriculture représente par sa nature et par excellence le secteur de l’activité saisonnière, c’est bien une démarche durable dans le temps et sur les moyen et long termes qui a permis in fine de le transformer. De la même manière, c’est pour se libérer de la saisonnalité, cette fois-ci politique et partisane, que le gouvernement a rapidement donné une autre et nouvelle dimension au dialogue social. En décrétant l’année sociale et en le déconnectant du calendrier des occasions, le gouvernement a choisi, pas forcément à son avantage, que le dossier social avec son lot de cahiers revendicatifs soit constamment ouvert, du moins sur le moyen terme du mandat. Au moment où d’autres, avant, préféraient nettement maintenir la traditionnelle saisonnalité pour venir une fois par an faire des annonces festives et disparaître jusqu’au 1er mai suivant. Ce n’est pas pour rien que ce gouvernement a brandi et assume son credo de l’État social. Saâd Benmansour

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