Editorial

Développement humain (4)

Dans le discours royal de lancement de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), le 18 mai 2005, la question du financement a été abordée d’une manière explicite par le Souverain. Un financement construit dans la durée, budgétisé, avec des procédures allégées et sans recours à une nouvelle charge fiscale. Dans le texte, cela donne : «Nous avons décidé que l’Initiative nationale pour le développement humain soit adossée à des ressources pérennes et d’un niveau substantiel, inscrites au budget général de l’Etat. A cet égard, il importe de mettre fin aux palliatifs et aux demi-mesures qui sont aussi stériles qu’éphémères.»
Le saupoudrage et les actions ponctuelles non cordonnées du passé sont clairement rejetés. Le caritatif spontané qui prend le pas sur une politique globale soutenue et financée par l’Etat, assumant là ses vraies responsabilités, est renvoyé à une nouvelle méthodologie d’action. Il doit s’insérer d’une manière rationnelle dans l’INDH. La saisonnalité des actions des fondations et des associations, l’hyper médiatisation –devenue une fin en soi – de leurs responsables, l’insuffisance de leur ingénierie sociale, l’absence de pérennisation de leurs programmes, la pression financière permanente qu’elles exercent souvent sur les mêmes contributeurs «obligés», et, finalement, le manque de transparence financière sont des pratiques qui doivent faire place nette à une approche structurée, éthique et, encore une fois, globale.
SM le Roi Mohammed VI explicite clairement la démarche: «Le financement de l’Initiative doit être déployé selon un mécanisme financier spécifique apte à garantir, outre la viabilité des ressources, un assouplissement efficient des procédures de mise en œuvre. Nous voulons insister, à cet égard, qu’il ne sera fait recours à aucun nouvel impôt ou charge fiscale, ni pour le citoyen ni pour l’entreprise.»
Et là, c’est un autre aspect de nos «mœurs» financières qui est abordé. Refus d’une pression fiscale nouvelle, les impôts nouveaux ou de circonstance créent plus de  problèmes qu’ils n’en résolvent. Un mécanisme financier spécifique, c’est-à-dire autonome, et surtout non noyé dans la masse actuelle de nos procédures aussi bureaucratiques, inhibitrices que stériles. S’il est vrai que l’on ne peut pas faire la guerre à l’exclusion dans l’anarchie financière autant on ne peut pas, non plus, développer un seul programme de développement humain si l’on reste sous la férule quasi «religieuse» des seigneurs qui se partagent les fiefs et le pouvoir au ministère des Finances. Quand le Souverain aborde la nécessité d’un  «assouplissement efficient des procédures de mise en œuvre», on est obligé de constater que le département des Finances, peut-être lui le premier,  est appelé à accompagner l’INDH par une innovation accrue,  une intelligence nouvelle et des dispositifs aussi originaux que créatifs. Le Premier ministre, Driss jettou, et son gouvernement à qui incombe la mise en œuvre immédiate de l’INDH ne doivent pas ignorer que la réussite de leur mission – «un chantier de règne» comme l’a affirmé le Souverain – dépend moins de la  sélection des projets que de la mise en place de procédures de financement qui libèrent les énergies.

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