Le chiffre de quatre millions de non encore vaccinés au Maroc renvoie à plusieurs réalités et constats en même temps.
D’abord, et à supposer que ces retardataires soient tous des «antivax», ils représenteraient donc un peu plus de 10% de la population. Ce qui est un bon indicateur en soi, sur le plan sanitaire déjà, surtout si l’on fait la comparaison avec ce qui se passe dans de nombreux autres pays, y compris parmi ceux développés.
Le phénomène des antivax n’étant, en fait, qu’une facette d’un autre phénomène sociétal très connu et bien plus large, à savoir le «complotisme» ou la suspicion systématique vis-à-vis de tout ce qui vient de l’Etat, la forte adhésion des Marocains à la campagne de vaccination vient donc tordre le cou à ce préjugé donnant ce phénomène comme étant très répandu, voire majoritaire, au Maroc.
La réalité telle que démontrée, à l’occasion de l’épisode sanitaire, est visiblement à l’opposé. Pourtant, et comme cela se reflète dans les réseaux sociaux notamment, les voix dissonantes, quoique résolument minoritaires, donnent l’impression d’être les plus nombreuses car elles sont les plus audibles. Cela renvoie à un autre constat, à savoir la puissance des canaux numériques et digitaux qui arrivent à ériger le virtuel en «réalité» absolue.