En pensant à activer la loi sur les domestiques, le parquet fera certainement œuvre utile. Il rendra d’abord service à une frange de la population qui travaille dans des conditions parfois difficiles, sans considération et en l’absence aussi du minimum de dignité dû à tout être humain.
Ce faisant, le parquet rétablit aussi l’image du Maroc où il n’est plus soutenable de tolérer une telle situation, anachronique, au moment où le pays est signataire de toutes les conventions mondiales pour la protection des catégories les plus faibles, sur la dignité au travail, sur le travail des enfants et bien d’autres textes ayant pour objectif de protéger la dignité humaine.
Mais ce n’est pas tout. La décision du parquet de rendre la loi sur le travail domestique opérationnelle fera surtout des émules pour beaucoup d’autres textes, concernant d’autres questions et domaines, récents ou anciens mais qui sont restés inappliqués. Sur papier, quand on consulte le corpus juridique et légal marocain, les lois n’ont souvent rien à envier à ce qui se fait ailleurs. Le Maroc a, par exemple, une loi sur l’eau depuis presque vingt ans, un code de la route très avancé, un texte légal sur les délais de paiement, un code du travail bien fouillé et une longue liste de lois avant-gardistes sur les communes, les normes, la protection du consommateur, une loi sur l’enseignement supérieur, une autre sur la santé publique…
Si tous ces textes étaient appliqués rigoureusement et à la lettre, beaucoup de nos problèmes quotidiens auraient disparu depuis très longtemps. Beaucoup ne le sont pas faute de moyens et surtout de ressources humaines pour le contrôle.
Mais l’activation du volet coercitif et des sanctions, si elle est opérée par le parquet de manière juste et mesurée, constituera peut-être le déclic attendu depuis si longtemps.