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Edito : Démagogie linguistique

© D.R

On connaissait l’attachement viscéral de nos vénérables avocats, et de notre corps judiciaire de manière générale, à l’usage de la seule langue arabe dans les arcanes des tribunaux.

On ne peut que les encourager dans leur lutte pour la défense de notre chère langue arabe dont nous sommes tous jaloux et fiers. Mais de là à transformer ce chauvinisme linguistique en guerre démagogique contre les autres langues, ce serait un pas maladroit que les avocats de Rabat semblent avoir franchi sans hésiter. Dans une récente note, datant du 16 avril, le grand bâtonnier de la capitale a rappelé à ses pairs que la Constitution, dans son article 5, a consacré l’arabe comme langue officielle du Maroc.

Jusque-là rien d’anormal. Mais le pire est dans la suite. En indiquant qu’un récent jugement du tribunal administratif de Rabat a invalidé l’utilisation de la langue française de la part de l’administration marocaine, le bâtonnier de Rabat a appelé ses confrères, dans le cadre de l’exercice de leur profession, à refuser dorénavant tout document ou élément de preuve rédigé en français. Mais seulement les documents en français.

En d’autres termes, et si l’on comprend bien nos vénérables avocats, du moment que la langue officielle est l’arabe, il faut rejeter tous les documents en français mais pas ceux qui seraient, par exemple, rédigés en anglais, en espagnol, en russe ou en suédois. L’arabe est officiel juste à l’égard du français, le reste on peut le tolérer. Décidément…