La situation des personnes âgées dans le milieu carcéral fait très rarement l’objet d’attention et n’attire que très peu l’attention de l’opinion publique.
Mais elle renvoie à une thématique bien plus large et qui devrait en toute logique être une des problématiques sociétales centrales au Maroc, à savoir le troisième âge. Aujourd’hui encore, alors que les statistiques ont nettement démontré que la pyramide des âges s’est inversée, il n’existe pas au Maroc une politique générale qui adresse les personnes âgées. Même dans le domaine médical et en milieu hospitalier, le Maroc n’a toujours pas de services de gériatrie qui se respectent. Pourtant, cette catégorie a plus besoin que d’autres de prestations et de services adaptés en raison de sa situation. C’est à l’âge de la retraite et après 30 ou 40 ans de labeur, qu’une personne a besoin de vivre dans la sérénité, le confort et la dignité. C’est à cet âge que la société toute entière a le devoir de rendre un tant soit peu en contrepartie de décennies de sacrifices et dévouement. C’est un hommage naturel et quasi obligatoire dû par chaque génération à ses aînées. Dans certains pays, l’expertise et l’expérience des seniors est exploitée et valorisée à travers leur maintien en activité avec des conditions adaptées à leur âge.
Au Maroc ce n’est malheureusement pas le cas. La retraite, et à quelques rares exceptions près, est le plus souvent synonyme de marginalisation et de complications de tous genres. Dans les transports, dans les administrations, les hôpitaux et généralement les lieux publics, les seniors sont censés être prioritaires et servis en premier et dignement.
Pourtant, ce déni du troisième âge est complètement étranger à la société marocaine où les familles ont toujours pris soin de leurs aînés jusqu’à la fin.
Aujourd’hui que la structure familiale a profondément changé et que ces filets sociétaux se sont perdus, c’est à l’Etat de prendre la relève pour instaurer et institutionnaliser de nouveaux dispositifs sociaux. C’est une urgence !
