Durant des décennies, les partis, les associations de droits de l’Homme, les syndicats et, de manière générale, les acteurs du champ politique et social ont milité pour que la Justice puisse acquérir son véritable statut constitutionnel de 3ème pouvoir et pour que le corps judiciaire puisse exercer ses prérogatives en totale indépendance des deux autres, à savoir l’Exécutif et le Législatif, et de toute autre forme de pression, de manipulation ou d’influence.
En 2017, le Maroc a pu finalement franchir le pas avec l’instauration du Conseil supérieur de la magistrature.
Remettre aujourd’hui en question l’indépendance des magistrats sur la base et en fonction de leurs verdicts c’est remettre en question tout ce qui a été fait depuis des décennies. Venant d’un justiciable lambda, un tel dénigrement, en plus d’être une réaction «naturelle», n’a pas d’effet majeur. Mais quand elle est le fait d’une institution politique, notamment un parti, la remise en cause de l’indépendance du pouvoir judiciaire sur la base d’un verdict est un acte au mieux irresponsable, au pire dangereux.
Le fait est encore plus grave si le parti se trouve être aux affaires, donc dans l’Exécutif.
Car en agissant de la sorte, les politiques, en fait, mettent en doute publiquement l’intégrité de tout le process depuis le début et la construction de l’Etat sachant qu’ils sont les premiers à y prendre part. Ce faisant, ils envoient aussi un signal très négatif à la société. Au moment où, justement, il est attendu des partis politiques, entre autres missions, de redonner confiance à l’opinion publique, une telle attitude est tout simplement irresponsable.