La récente sommation royale aux services de l’Etat au sujet du paiement des arriérés aux fournisseurs, notamment les entreprises prestataires, a redonné de l’espoir au secteur privé.
Mais c’était sans compter avec les poches de résistance qui s’activent au sein de notre chère administration. En voilà un cas véridique, celui d’une grande entreprise publique de la place, opérant dans un secteur névralgique et connue pour le volume important de commandes qu’elle place auprès des entreprises, surtout les PME.
Comme à l’accoutumée en pareille période de l’année, en fin d’exercice, ladite entreprise a reçu depuis quelques jours un gros virement de l’Etat pour plusieurs centaines de millions de dirhams. Les fournisseurs privés ont alors cru à la fin de leur calvaire. Ils ont trop vite crié victoire car l’entreprise publique, au lieu d’utiliser les fonds reçus pour payer ses dettes, n’a rien trouvé de mieux que de les placer sur un compte bancaire rémunéré, histoire d’en retirer quelques produits financiers bons pour les comptes de fin d’année. Les fournisseurs, eux, peuvent attendre.
Cerise sur le gâteau : l’un d’entre eux, un jeune patron de PME, nous raconte qu’à cause du marché de ladite entreprise publique, il est aujourd’hui dans le rouge auprès de sa banque. Ironie du sort, il se trouve que sa banque est celle-là même où les milliards ont été placés. Son banquier sait bien que l’argent de la PME endettée est bien dans ses caisses. Mais il ne peut que compatir sans plus. C’est cela aussi l’arrière-boutique kafkaïenne du climat des affaires au Maroc.