A la faveur du débat actuel sur la pénurie de profils et de ressources dans les professions médicales, entre autres, il serait peut-être grand temps de reposer autrement l’équation de la formation en prenant plus en compte les besoins et impératifs du pays.
Aujourd’hui donc, l’on sait, par exemple, que le Maroc manque d’au moins 50.000 à 60.000 infirmiers sans parler du besoin aussi de 32.000 médecins. Ces chiffres ont été les plus médiatisés à cause, évidemment, de la conjoncture sanitaire et aussi parce qu’ils concernent un domaine éminemment social et très suivi par le grand public. Mais le manque cruel d’effectifs bien formés, de compétences et de profils affecte aussi de nombreux autres secteurs d’activité et pèse lourdement sur le rythme de développement.
Il y a quelques années, il a été établi que le Maroc avait besoin de 10.000 ingénieurs et le chiffre a probablement augmenté depuis. Mais en même temps, de l’autre côté, il existe un gisement extraordinaire d’un peu plus de 1.000.000 de jeunes chômeurs dont 80% ont un niveau d’instruction collégial à supérieur et qui, donc, ont un minimum de bagage nécessaire de connaissances. En plus, presque la moitié de ces jeunes a déjà travaillé au moins une fois et s’est donc déjà familiarisée avec l’univers professionnel.
Ne faudrait-il pas commencer par reconvertir des jeunes, à travers des formations rapides, pour les rediriger vers les domaines et secteurs en situation de sous-effectifs urgente ? Quid à subventionner directement ceux d’entre eux qui accepteraient de le faire. Il y a là matière à réflexion…