L’Histoire retiendra désormais que ce qui s’est produit en 2020 n’est autre que la plus grande dépression économique et sociale depuis celle de 1929. Et il y a de fortes chances que les schémas de l’après-crise d’il y a un siècle se reproduisent globalement même si c’est avec quelques variantes temporelles.
Mais le cheminement risque d’être le même. La grande dépression de 1929 avait naturellement engendré des mouvements sociétaux nouveaux et des courants de pensées qui s’étaient greffés et alimentés de la détresse humaine. Défiance, déviance, extrémisme, populisme, nihilisme… beaucoup de phénomènes encore inconnus, ou du moins marginaux, jusque-là commencèrent à trouver du répondant parmi des populations meurtries par la crise économique et des millions qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans travail, sans revenus.
La crise actuelle profitera à ce type de discours et de pensées et, après le choc de 2020, il faudra s’attendre à des contre-chocs et des répliques dans les années qui viennent. Ce n’est que 15 ans plus tard, au lendemain de la fin de la Guerre mondiale en 1945, que le monde avait pu enfin retrouver un nouvel équilibre durable au prix de conflits. La crise actuelle donnera lieu, à coup sûr, à une refonte des équilibres économiques mondiaux et à une redistribution des cartes. Certes, dans l’immédiat, dans un horizon de deux à trois ans, la priorité la plus urgente pour le Maroc sera de relancer son économie. Mais ce ne sera pas suffisant ni durable. Car les pays qui seront dans la course dans dix ou quinze ans sont ceux qui réussiront à se projeter dès aujourd’hui dans les dix années à venir pour s’y préparer.