Le ministère des finances vient de publier une longue et consistante étude sur la gouvernance en donnant ses recommandations en la matière.
Mais dans la réalité, les choses ne sont pas toujours au niveau de sophistication évoqué dans le document des Finances. Même mieux, dans la réalité de la gouvernance au Maroc, des projets, des programmes et même des politiques publiques entières peuvent être «sabotés», gâchés pour des détails d’ordre basique et élémentaire.
Les confessions faites par un très haut responsable, à la faveur d’une conversation anodine récente, peuvent surprendre plus d’un mais sont malheureusement une partie de cette réalité. Notre homme, qui est encore à un poste de responsabilité, a exercé sur le terrain, entre autres, comme gouverneur et wali. L’une de ses «anecdotes», si elle en est une, se passe de tout commentaire. Ainsi, pendant des années, on remarquait que des milliers de jeunes stagiaires qui ont bénéficié de l’accompagnement de l’Anapec durant plusieurs mois disparaissaient étrangement, au moment de devoir prendre leur premier emploi. Après enquête, on a découvert que ces jeunes ne pouvaient tout simplement pas subvenir aux frais de transport. Et comme le premier salaire est souvent payé avec quelques mois de retard, nos jeunes abandonnaient. En d’autres termes, l’Etat dépense depuis des années des milliards de dirhams pour combattre le chômage des jeunes et l’on s’arrange pour tout faire capoter à cause des quelques dirhams du ticket de transport.
On est les champions dans ce domaine. Depuis des années, le Maroc traîne de mauvais indicateurs en matière de scolarisation des petites filles en campagne à cause seulement de l’absence de toilettes pour filles dans les écoles rurales. Et on parle encore de gouvernance…