Le ministre Karim Ghallab, en charge de l’Equipement et du Transport, est un homme combatif et efficace. On l’a vu encore, mercredi soir, à la télévision. Dans le gouvernement de Abbas El Fassi c’est un ministre qui gère de vrais dossiers, qui nécessitent de vrais choix, et qui demandent pas mal de courage notamment politique. Le projet du nouveau Code de la route n’est pas un dossier banal. Il préfigure réellement le Maroc que nous voulons demain. Son visage. La responsabilité contre le laisser-aller criminel. La culture du travail contre la rente. Le respect du cadre de vie contre l’anarchie. La protection de l’environnement contre les pollutions. L’égalité de tous contre la puissance des corporations et des lobbies. La liste peut être longue car ce fichu Code de la route est au carrefour de toutes nos carences. Le ministre ne se laisse pas démonter. Il esquive, il relance, il affirme, il développe, il se met en colère. Bref, il fait son job de ministre, celui pour lequel il est là. En face, les jeunes journalistes ne sont pas ridicules. Ils questionnent, ils provoquent, ils mettent en perspective, ils reformulent. Ils osent. En une seconde, on se prend à rêver. On dirait un pays démocratique normal. Ça fonctionne. On oublie que ce même ministre, sur ce dossier du Code de la route, a été abandonné par le gouvernement. Que le Premier ministre a préféré battre en retraite en attendant des jours meilleurs. Que l’évitement est la règle d’or de ce gouvernement, désormais, sans majorité connue. Que, par ailleurs, les procès de la presse se suivent et se ressemblent. Qu’un journaliste en prison est, selon ses proches, sous régime de haute sécurité comme s’il s’agissait d’un agent de AQMI, etc. Le Maroc de la télé est-il le Maroc de la vraie vie ? Oui, certainement. Car Karim Ghallab et ses questionneurs existent et sont bien réels. Oui, car la fragile démocratie avance malgré les reculades (sic), les cahots et les soubresauts. Mais ce que nous voulons, surtout, c’est que notre pays ressemble aux rêves que nous avons pour lui. Et qu’il se débarrasse une fois pour toutes des oripeaux inutiles du passé.