Editorial

Éditorial

Le séminaire organisé le week-end dernier par la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme) à Rabat sur la réforme judiciaire a laissé une impression très positive. Excellente, même. Qualité des interventions, richesse des débats, expertise des intervenants, etc. Rien à dire. Au Maroc, aujourd’hui, on peut parler de ce qui ne marche pas avec beaucoup de verve, de liberté et d’intelligence.  Mais est-ce suffisant ?  Le commentaire réaliste d’un participant à ce colloque qui vient de l’étranger, légèrement impertinent mais très poli, laisse sans voix: «A ce niveau de qualité du diagnostic et avec les ressources humaines que vous avez, on se demande pourquoi vous avez tant tardé à réformer votre justice ?». Effectivement, cette question n’a pas de réponse immédiatement satisfaisante. Dans un pays où les rois sont juristes, où l’élite judiciaire est une des plus compétentes de la région et où la culture juridique est multiséculaire, l’on se demande pourquoi la justice marocaine a autant de mal à se réformer et à atteindre des niveaux de qualité mondialement admis. Absence de volonté politique ? Enjeux cachés ? Perte des priorités ? Demande sociale peu pressante ? Absence de moyens ? Peu de qualification ? Action de lobbies? Etc. On y perd son latin. Rien, mais absolument rien, ne justifie véritablement la situation actuelle. Le discours sur la justice a atteint des niveaux de performance et d’excellence telles que l’action qu’il doit produire se perd dans les sables du désert de la rhétorique arabe. Le discours a supplanté l’action. La procédure a mangé le fond. L’apparent a étouffé le réel. Le nouveau ministre de la Justice, Mohamed Naciri, un professionnel du droit, qui a passé une longue carrière, une vie, à être du côté des justiciables a une chance historique de sortir ce secteur vital de l’incantation, des vœux pieux et de la stigmatisation. Il va reprendre en mains les 17 textes de réforme qui ont été déposés par son prédécesseur au SGG, il va probablement relancer la concertation, mettre sa propre griffe sur les projets, mais il a une obligation impérieuse de résultat que nul ministre n’a eue par le passé. Nous n’avons plus de temps.

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