Editorial

Éditorial

Quelle signification politique donner au retour de Abdelouahed Radi à la présidence de la Chambre des représentants? Un retour à la case départ, un épuisement des combinaisons politiciennes, une exténuation des élites parlementaires ou un bégaiement de l’histoire. La personne du leader socialiste n’est pas en cause, ni, non plus, sa capacité à produire un consensus souvent appréciable en temps de crise. Mais il reste, tout de même, que l’institution parlementaire se grandirait aux yeux  de l’opinion publique si elle arrivait à être plus imaginative. Or, ce qui s’est passé n’est ni l’apparition d’une majorité nouvelle — près de la moitié des voix de la majorité actuelle ne s’est pas portée  sur Radi —, ni  franchement les contours d’une nouvelle alliance sachant que la candidature de Saad Eddine Othmani du PJD a eu un succès notable au-delà du cercle de l’islamisme parlementaire. Que se passe-t-il donc ? Ce que nous savons c’est que les positions sont mouvantes, comme les sables du même nom, et que tous les groupes parlementaires sont obnubilés par une date, et une seule, 2012. Ceux qui arriveront à cette date et qui ne se seront pas mis à niveau, coalisé, protégé, inscrit dans une sillage ou à un autre seront tout simplement balayés. L’effet PAM joue à fond. A la fois comme force de dissuasion, force d’attraction, ou force de répulsion. La mise à niveau du champ politique annoncée, avec tambour et trompette, par les promoteurs du PAM s’opère en effet mais selon une feuille de route de plus en plus illisible sur le plan politique. La polarisation se fait par petites touches mais son contenu idéologique n’est pas décodable. Un noyau dur improbable PAM-USFP, un glissement naturel plus conforme à la tectonique conservatrice  PI-PJD ou une figure droitière plus classique PAM-RNI-MP-UC contre USFP-PI-PPS, etc. La «tchakchouka» actuelle est pour l’instant peu ragoûtante et le chemin qui mène à 2012 va être long, sinueux et douloureux. Il n’est pas sûr que la patience «nationale» face à ces expérimentations  hasardeuses ne  se soit pas épuisée bien avant l’heure. C’est cela, finalement, qui nourrit le désintérêt civique.

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