L’image de l’Islam dans le monde est, aujourd’hui, tellement dégradée que les responsables mondiaux de cette religion — ne disposant pas d’une organisation collective efficace — ne peuvent plus faire semblant d’ignorer ce problème. Les attaques terroristes salafistes, à travers le monde, ces dernières années, ont fini par faire passer l’Islam, cette religion pacifique, celle du juste milieu, pour une religion de la haine et de la destruction. Il faut rétablir la vérité. Non pas celle de Dieu, ils ont leur religion et nous avons la nôtre. Mais celle des hommes, ceux qui sont justes, tolérants et qui participent à un vivre-ensemble universel construit sur le respect des autres et la coexistence pacifique. L’autodafé du Coran que propose un pasteur américain fou est l’expression la plus imbécile de cette haine de l’Islam qui prospère, aujourd’hui, d’une manière très inquiétante, en Amérique. La flamme de la haine, entretenue par des médias indignes à l’instar de Fox News, ravage les opinions publiques. Brûler le Coran est en soi un acte d’ignorant — brûler un livre ! — , une islamophobie primaire, qui est, heureusement, ramenée à sa juste valeur — une profonde insignifiance — par pratiquement tous les responsables américains unanimes. Mais il reste que c’est un acte dangereux qui peut avoir un effet mondialement catastrophique. Le président Barack Obama, l’auteur du fameux discours du Caire le 4 juin 2009, devra davantage monter en première ligne pour casser, pour reprendre son expression, ce cercle de «peur et de méfiance». «Tant que notre relation restera définie par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine et non la paix et qui encouragent le conflit au lieu de la coopération qui peut aider nos deux peuples à connaître la justice et la prospérité. C’est ce cycle de la méfiance et de la discorde qui doit être brisé», a-t-il souligné avec sincérité et engagement au Caire. Nous devons retrouver, aujourd’hui, en dehors des calculs politiques, ce même élan dans la défense de l’Islam en Amérique. Le président américain a donné au Caire aux musulmans du monde la parole de l’Amérique pour l’ouverture d’une nouvelle ère de compréhension, de paix et de respect mutuel. Une majorité de musulmans à travers le monde a cru en ce discours. C’est pour cela qu’il ne faut pas laisser le pasteur fou détruire toute cette espérance. L’acte en lui-même est insignifiant pour une religion multiséculaire, sûre de ses droits moraux et son apport spirituel universel, mais sa symbolique néfaste est ravageuse.