Editorial

Éditorial

Puisque notre métier est d’animer le débat public, alors allons-y ! Deux idées majeures dominent actuellement le champ politique.  La première — elle a été exprimée explicitement par des acteurs politiques de poids, en une belle unanimité, lors d’un récent colloque de HEM —  est de dire que si la vie politique est médiocre au Maroc, c’est que personne ne veut laisser les partis politiques vivre leur vie naturellement, en toute autonomie et en toute indépendance. C’est la généralisation de la fameuse théorie de la «main de la sage-femme» de Nabil Benabdellah qui vilipende, en politique, au détriment de la responsabilité des acteurs,  l’intrusion, la manipulation ou carrément l’expérimentation hasardeuse. Cela peut être un argument de qualité si cette idée laissait un peu d’espace à l’autocritique partisane.  Ce n’est pas toujours le cas. La séparation des pouvoirs et l’équilibre entre ceux-ci supposent de laisser la démocratie faire l’écrémage des élites notamment politiques. C’est ce «beurre» démocratique — introuvable aujourd’hui —  que l’on trouvera par la suite au niveau du pouvoir exécutif ou du pouvoir parlementaire. Aujourd’hui, il n’y a, hélas, que l’argent du beurre. Cependant la classe politique, du moins une fraction de plus en plus large de celle-ci, du PPS de Nabil Benabdellah, au RNI de Mohamed Aujjar, en passant par  l’USFP de Abdelouahed Radi semble nous dire que, dans notre pays seul le pouvoir monarchique  fonctionne — et c’est heureux — mais que cela se fait au détriment des autres pouvoirs. La classe politique demande de réintroduire un peu plus d’équilibre dans tout cela par le biais,  selon les uns, d’une nouvelle  génération de réformes, ou selon les autres, par l’ouverture du chantier constitutionnel, ou par les deux à la fois. En fait, plus la stigmatisation des partis politiques en crise s’accentue de la part du pouvoir, plus ceux-ci répondent, plus ou moins directement, avec plus ou moins d’intensité, en mettant sur la table, la question des réformes institutionnelles. Il est évident que, sans un vrai projet de société, c’est un jeu à somme nulle. La deuxième idée qui se développe  chez les initiés est que 2012 est politiquement très loin. D’ici là, la compétition entre les «compétiteurs» risque de s’aggraver, de devenir sanglante — on en a eu un avant-goût avec les évènements de Laâyoune —  et la Nation risque de payer le prix cher pour ces dépassements. Si les protagonistes sont prêts, il vaut mieux les libérer. C’est-à-dire leur donner la possibilité d’en découdre démocratiquement le plus rapidement possible par le biais d’élections législatives anticipées. Ils ne pourront pas, manifestement, attendre davantage sans risques pour le pays. Qu’ils se comptent, donc, sachant que la carte politique actuelle ne renvoie plus à aucun territoire. Sauf à une terra nullius grosse de dangers pour la Nation.

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