L’année qui arrive, 2011, devrait être l’année de la fin du conflit du Sahara. Ce n’est ni un souhait de circonstance. Ni un vœu pieux. C’est une nécessité géostratégique régionale indiscutable, partagée, aujourd’hui, notamment aux Nations Unies, par tous les gens sérieux. De l’avis général, ce conflit qui n’a que trop duré — les raisons qui ont présidé à sa création sont devenues, désormais, inutiles ou contre-productives — doit trouver son terme dans les mois à venir. Deux faits majeurs militent pour cette issue rapide. Un : la dégradation accélérée de la sécurité dans la zone sahélo-saharienne et les dernières découvertes américaines et françaises, accablantes en fait, qui établissent des accointances opérationnelles entre l’AQMI et le Polisario. Deuxième fait : la menace réelle de dislocation des États riverains de cette zone du fait de l’élargissement constant du périmètre de l’action terroriste. Y compris au nord du Sahara d’où l’AQMI tire son origine et sa vraie profondeur stratégique. Quant au Mali, s’il tombe, ou s’il se rétrécit aux limites d’une ligne qui isole le Sud utile du Nord sahélien sur lequel le contrôle est déjà perdu, c’est le trou noir garanti. Celui-ci aspirera une bonne partie de la Mauritanie, d’où la réaction vigoureuse de ce pays aidé par la France, tout le Sud algérien sur lequel traditionnellement le contrôle de l’État est faible, le Nord du Niger, etc. Les dominos africains vont s’écrouler en cascade. Une cause perdue comme celle du Polisario, le leadership régional algérien vécu comme un rêve prussien, le projet irréaliste de création d’un nouvel État poreux au Maghreb, tout cela est balayé par la nouvelle réalité géostratégique qu’impose l’extension structurée de l’activité terroriste au nord-ouest du continent africain. Que faire alors ? La paix au Maghreb, l’Autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine, l’intégration économique maghrébine, le libre-échange, la réactivation de l’UMA, la promotion de la démocratie, des droits de l’Homme, la gestion sécuritaire collective et intégrée de la région du Sahel dans un cadre international adapté, la coopération internationale, l’aide au développement, la lutte contre les trafics humains, la lutte contre le trafic de la drogue, etc. L’on voit bien que le chantier est vaste et urgent. Le temps presse et tout atermoiement devient criminel au regard de la responsabilité qu’ont les gouvernants vis-à-vis des nouvelles générations. Ce n’est pas une baguette magique qui va régler naïvement les conflits, mais une vraie peur collective, concrète et réelle, face au chaos inéluctable produit par notre aveuglement. Bonne année.