Editorial

Éditorial

Je ne suis pas d’accord avec l’analyse développée par notre ex-confrère  Aboubakr Jamai dans laquelle il prédit, dans la dernière livraison de l’hebdomadaire français «le Nouvel Observateur», l’avenir le plus sombre et le plus sanglant à notre pays.  Il s’agit, à la lumière des évènements de Tunisie,  d’une appréciation lapidaire — sans nuances et sans respect des faits — de la situation politique objective au Maroc et d’une mise en cause injuste et personnelle du chef de l’État — un thème obsessionnel depuis maintenant de nombreuses années chez M. Jamai. Cet hebdomadaire  étant en vente libre dans les kiosques du Royaume chacun pourra se faire une idée du sérieux de l’approche. Mais ce qui ressort des propos de notre ex-confrère, c’est qu’aujourd’hui, en sa personne, nous avons affaire à l’opposant N°1 du régime. M. Jamai, intuitae pesonae, sans parti politique, sans structure de représentation légitime, en marge de la démocratie marocaine, constitue à lui seul, sur tous les plateaux médiatiques où il est invité, une opposition «institutionnelle» au régime. C’est courageux certes, mais pas suffisant en démocratie. M. Aboubakr Jamai n’est ni un politologue serein, ni un commentateur objectif, ni même un journaliste engagé qui défendrait une cause connue. Il veut juste faire du mal, se venger ou régler des comptes. Il est en permanence dans l’amertume et le ressentiment. Et il entend faire payer cette situation, inconfortable il est vrai, à ses concitoyens. Proche du nouveau règne à ses débuts, il a bénéficié de l’aveu même de son associé Ali Amar de nombreuses largesses, il a été petit à petit exclu du sérail pour des raisons qui appartiennent au sérail. Avec un petit groupe de «conseillers de l’ombre» vaniteux, il avait formé le projet de mettre sous tutelle, notamment par voie de presse, le nouveau Roi au motif, non justifié d’ailleurs, que lui et ses amis jouissent d’une intelligence supérieure et d’une expérience politique hors du commun. C’était une erreur. M. Aboubakr Jamai a été brutalement éjecté du cercle virtuel. Il s’est alors enfermé, à ce jour, dans un autisme politique à toute épreuve, une psychorigidité notable et une cécité épaisse qui lui fait voir en noir tout ce que fait le Maroc. Sans conteste, ce garçon aurait pu avoir un autre avenir car il ne manquait pas de talent.
Et il est regrettable, aujourd’hui, de le voir, alors qu’il est issu d’une famille nationaliste et patriotique indiscutable, perdre toute son énergie dans un rôle d’imprécation à l’égard du Roi et de destruction de l’image de son pays en trompant souvent ses interlocuteurs. Dire que le Roi est actionnaire des Brasseries du Maroc est une chose facile, surtout si on insiste  sur la qualité de Amir Al Mouminime du Souverain — l’effet est garanti —, mais dire que la fusion ONA-SNI est venue mettre de l’ordre et de la distance dans tout cela en est une autre. C’est moins vendeur et plus sérieux. Le raisonnement vaut aussi pour l’affaire de Macao où une erreur a été commise à cause du non-respect de la charte éthique qui oriente strictement, et pour cause, les investissements royaux. L’on voit bien que  la démarche actuelle de M. Aboubakr Jamai est sans issue. Il devrait à l’évidence pouvoir, dans une démarche inclusive, dans le cadre de la démocratie marocaine  —un chantier qui a besoin de la contribution de tous —retrouver un rôle plus constructif et plus compatible avec les défis réels qui assaillent notre pays.

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