Nous avons l’impression que le discours démocratique américain trouve une certaine limite en égypte. Une nette impression de flou se dégage de leurs atermoiements. Ils veulent donner un petit coup de pouce à la démocratie mais ils ne veulent pas que le pays — il a une valeur stratégique inestimable pour eux et leurs alliés israéliens — bascule dans le chaos. Si l’égypte tombe, c’est toute la région qui est aspirée dans un trou noir avec des conséquences incalculables. L’égypte n’est pas la petite Tunisie avec un jeu assez «trouble» de l’armée. Et les enjeux ne sont pas les mêmes. L’une peut être, sans préjudice que pour les Tunisiens eux-mêmes, un laboratoire arabe de romantisme révolutionnaire ou d’expérimentation «proudhonienne» qui recherche l’ordre sans le pouvoir. Et l’autre n’a pas ce droit, elle est acculée à une évolution démocratique plus conventionnelle, étape par étape. C’est pour cela aujourd’hui que le travail des Américains, et plus largement des Occidentaux, consiste, à délier, à découpler, à, finalement, casser le lien entre le destin personnel du président Hosni Moubarak, son clan, sa famille, spécialement son fils, et l’avenir du pays. Apporter des réponses sociales urgentes, libérer la parole, ouvrir le jeu politique, préparer une alternative progressive au pouvoir actuel, anticiper l’évolution de l’opinion publique, etc. Ils feront tout, y compris une répression contenue, pour ne pas perdre la main et risquer d’être à la traîne des évènements comme cela s’est passé pour le régime tunisien où aujourd’hui la disparition du «Benalisme» menace aussi l’état de disparition sous le regard goguenard de militaires qui semblent très à l’aise dans une espèce de coup d’état rampant ou glissant. Les militaires égyptiens sont, eux, clairement, et historiquement, positionnés au cœur du pouvoir. Ils sont financés par les Américains selon les termes des accords de Camp David. L’égypte reçoit près de 4 milliards de dollars par an en soutien multiforme. Cette armée peut rapidement le cas échéant aider Moubarak à quitter le pouvoir, le déposer, si cela devient nécessaire et vital pour la survie du système et de ses alliances stratégiques.