Editorial

Éditorial

Comment peut-on être pour la révolution et mettre en avant des slogans racistes ? Il y a là un paradoxe de fond. Lier une idée essentiellement de progrès et d’émancipation, humaniste en quelque sorte,  à l’avilissement  des autres en développant un discours de haine sociale est de l’ordre de l’inacceptable. La lutte contre le népotisme ou du moins ce qui en apparaît d’une manière explicite dans le sillage des manifestations du 20 février se résume à une campagne contre une famille marocaine, celle des Fassi-Fihri accusée par les manifestants de «truster» le pouvoir. Cette famille est stigmatisée dans des affiches, des pancartes, des vidéoclips, des chansons sur le net, et autres slogans vengeurs d’une manière méthodique qui fait fi de la dignité que les manifestants réclament légitimement pour eux-mêmes. Une révolution, même arabe, est une affaire de valeurs. Or, nos jeunes amis du 20 février devraient se méfier des valeurs qu’ils véhiculent joyeusement surtout quand celles-ci sont racistes. Le fonctionnement de ce discours est simple. être Fassi-Fihri c’est être puissant. Et être Fassi-Fihri c’est être un Fassi tout court! Là le lien est fait entre les phantasmes populaires les plus recuits et les dérives populistes actuelles les plus dangereuses. Les Fassi, une espèce de secte obscure qui intrigue dans le noir secret pour monopoliser le pouvoir, l’économie, les finances et manipuler la société, la politique, la monarchie et…que sais-je encore. Une figure de haine centrale. Autour d’elle on peut articuler toutes les éradications symboliques ou réelles. Historiquement, la fonction de ce type de figure est connue. L’analogie avec la figure du juif des années trente en Europe est datée. Pourquoi les intellectuels ou les quelques «figures» de la société civile qui regardent avec bienveillance et empathie l’expression des jeunes Marocains du 20 février ne les mettent-ils pas en garde contre cette  grave dérive qui déchire notre identité, renie notre histoire et menace notre vivre-ensemble. L’exigence des réformes politiques et constitutionnelles est légitime en elle-même, c’est un combat politique et non pas une guerre éthnique. Cette exigence n’est à opposer ni à la culture ni à la civilisation marocaines qui, elles, sont pétries de tolérance et de souci des autres.

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