Editorial

Éditorial

L’une des conséquences possibles du mouvement arabe dans notre région et l’une de ses répercussions inattendues sur les rapports géostratégiques entre les pays arabes serait que l’affaire du Sahara perde de son enjeu politique interne pour le pouvoir actuel en Algérie. En effet, face à une revendication sociale grandissante, un besoin vital de réformes en profondeur et une demande impérieuse de restauration de la légitimité démocratique en Algérie,  l’affaire du Polisario et du Sahara va être, selon toute vraisemblance, rapidement frappée de caducité politique. Les Algériens veulent changer de système et non pas continuer à se sacrifier pour la création inimaginable d’un nouvel état au Maghreb aussi virtuel qu’inutile. La participation des mercenaires du Polisario à la guerre que mène Kadhafi contre son peuple— outre qu’elle ouvre la possibilité de renvoyer Mohamed Abdelaziz devant le TPI — est un facteur qui va accélérer le lâchage du Polisario et le démantèlement des camps de Tindouf. Quels sont les arguments qui plaident pour cette issue ? 1) Les Américains pousseraient leur avantage, après «l’effondrement» de la Tunisie, de l’égypte puis de la Libye pour stabiliser le flanc Ouest de l’Afrique du Nord. L’invite américaine aux réformes démocratiques substantielles est doublée d’une proposition de résolution d’un conflit régional démonétisé par la conjoncture pour donner corps dans de brefs délais à une union régionale, désormais, incontournable et contenir la propagation de l’insécurité dans le Sahel. 2) La déstabilisation du Maroc par l’Algérie par le soutien à un mouvement séparatiste contre l’intégrité territoriale du Royaume n’est plus un objectif stratégique pertinent. L’enjeu est maintenant plus trivial, il s’agit de sauver le système et non plus de  nuire à quiconque. La donne a changé. 3) L’ouverture des frontières avec le Maroc constitue aujourd’hui la seule opportunité de voyage pour une population sous pression, inflammable et en colère qui voit l’Europe se barricader davantage et la Tunisie entrer dans un tunnel conflictuel pour une période probablement assez longue. Cette donnée est pour Abdelaziz Bouteflika une carte maîtresse qu’il utilisera, sans doute au bon moment, comme celle de la levée de l’état d’urgence, pour amorcer une transition qui est devenue inéluctable en Algérie.

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