La phase de créativité constitutionnelle dans laquelle rentre le Maroc impose à tous les acteurs un certain nombre de responsabilités nouvelles. La Monarchie marocaine a assumé les siennes à l’égard de la Nation. Et de la manière la moins ambiguë et la plus univoque, SM Mohammed VI a livré dans le discours du 9 mars 2011 une feuille de route démocratique à la fois ambitieuse, globale et exigeante. La balle a changé de camp. C’est une nouvelle réalité qui voit le jour. Les postures, les impostures, les positions, les mécanismes de pensée et de fléchir, les automatismes, les soumissions, les allégeances, les vieilles rancunes, les haines recuites, etc. tout cet arsenal mental doit subir un désarmement en bonne et due forme. Il est frappé d’obsolescence. De caducité. Notre avenir sera ce que l’on en fera ensemble aujourd’hui. Personne ne le fera à notre place, même pas la Commission constitutionnelle de Si Abdeltif Mennouni puisqu’il a, sur instruction royale explicite et publique, l’obligation non seulement d’écouter, d’entendre, de se concerter, de recevoir les contributions des uns et des autres parties mais d’en tenir compte d’une manière concrète afin que toutes les forces vives de la Nation puissent se retrouver sans frustrations rédhibitoires dans la nouvelle Constitution. C’est là où réside la première responsabilité — c’est celle de la Commission — dans cette période extrêmement sensible où l’on quitte une Constitution du passé pour concevoir celle qui doit engager l’avenir. Les autres acteurs de la vie publique ont également des responsabilités très lourdes. L’exigence éthique, l’honnêteté intellectuelle, la vision stratégique, l’ambition collective et surtout l’audace créative. Est-ce que des partis politiques ou des syndicats nourris au sein du «béniouiouisme» peuvent franchir ce cap vital ? Pourquoi pas pour certains d’entre-eux qui ont un capital génétique propre. Est-ce que des ONG cadenassées dans un front du refus mental peuvent évoluer sur les questions essentielles du vivre-ensemble marocain ? Pourquoi pas, on a déjà vu des leaders crédibles de ces mouvances radicales se couler avec bonheur et délectation dans des responsabilités publiques. Et, finalement, est-ce que la société marocaine et notamment sa frange la plus jeune doivent adopter un profil bas en cette période de gestation constitutionnelle ? Ce n’est pas souhaitable. Les travaux de la Commission de M. Mennouni doivent être pacifiquement accompagnés par le plus grand tintamarre démocratique que le Maroc n’ait jamais connu car on n’écrit jamais l’histoire, surtout quand elle est aussi glorieuse, dans le silence, le désintérêt ou l’indifférence.