Editorial

Éditorial

Le rapport sur la régionalisation de l’équipe Azziman a été un peu éclipsé par le discours royal du 9 mars 2011. Eclipsé ne veut pas dire dévalorisé. Loin de là. Mais noyé dans le dispositif de réformes constitutionnelles plus larges et plus «révolutionnaires», il a perdu son caractère exclusif. Omar Azziman revient aujourd’hui sur la question, et il a raison. Le rapport, à lui seul, mérite débat. Nous allons aborder ici un seul point. Celui qui fait, nous semble-t-il, à la fois la force et la faiblesse du rapport. Le fait de donner des pouvoirs régionaux élargis dans de nombreux domaines vitaux à un président de l’Assemblée régionale élue au suffrage universel direct est une avancée démocratique considérable. C’est la force de la proposition. Elle suppose des compétences certaines — dans les deux acceptions du terme —, une expertise reconnue, une gouvernance indiscutable, une élite responsable, etc. Le cahier des charges démocratiques est connu. Il reste une question de fond. Qui sera en face de ce président de région tout puissant ?  Un wali, c’est évident. Mais quel type de wali ? Un wali symbolique, un wali concret, un wali effacé, un wali ersatz ou un wali transparent? En tout cas ça sera un wali qui n’est pas ordonnateur et qui ne commande pas non plus — puisqu’il n’est pas leur patron — les services décentralisés de l’état. Et l’on voit mal comment un gouvernement qui vient de récupérer du pouvoir grâce à une réforme de la Constitution  confier, au détriment de ses délégués, ses nouvelles et fraîches attributions à un représentant unique de l’état sur la région. Dans cette situation le wali sera  juste un gars sympathique chargé de l’animation de la région en essayant de se rendre utile. Une sorte d’œil de Moscou qui fait des rapports sans pouvoir ni ascendant ou possibilité de peser sur la réalité. Cette situation produira sans doute un déséquilibre. La région ne marchera pas sur deux pieds. Dans le système français qui bénéficie de l’antériorité et de la capitalisation de l’expérience, le préfet de région, pour éviter une situation bancale, a vu son rôle renforcé en lui permettant notamment d’être le chef de l’administration régionale déconcentrée. Il est le patron des démembrements régionaux de l’état, et il a son mot à dire sur leur budget. Cela crée un certain équilibre avec le président de région. Chez nous, il faudrait que l’on sache in fine ce que l’on veut faire de nos walis.

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