Editorial

Éditorial

Il est vrai que le Maroc n’a pas été très disert — une sorte de pudeur diplomatique — sur son accompagnement de la riposte internationale aux crimes perpétrés par Mouammar Kadhafi contre son peuple. Le Maroc a pourtant été partie prenante de la résolution 1973  aux Nations Unies comme il l’a été auparavant actif dans les résolutions pertinentes décidées par la Ligue arabe. D’où vient le malaise donc, si malaise il y a. Il vient du fait que le Maroc a toujours eu beaucoup de réticences fondamentales à accepter l’usage de la violence contre un pays arabe même dans le cas, et c’est le cas libyen aujourd’hui, où un dictateur fou prend en otage son peuple. Il vient aussi du fait que les interventions internationales sont des blessures douloureuses dans la mémoire blessée des Arabes depuis 1948. Et cela vient également  du fait que dans les relations internationales responsables  la recherche de la solution diplomatique doit être la règle absolue. Ces pétitions de principe étant déclinées on peut rappeler deux ou trois choses essentielles au sujet de Mouammar Kadhafi. 1) Le Maroc a toujours cherché par tous les moyens à neutraliser sa capacité de nuisance effective notamment dans l’affaire de notre intégrité territoriale quitte parfois à adopter un profil bas.  Le concepteur et le financier du Polisario nous a véritablement empoisonné la vie pendant près de 40 ans. Le Maroc n’avait aucune raison stratégique aujourd’hui à empêcher sa liquidation décidée par la communauté internationale par devoir de protection envers les Libyens. 2) En se conformant à la résolution 1973 notamment sur le plan humanitaire — et c’est essentiel de le rappeler — le Maroc ne semble pas exonérer certains membres de la coalition de leurs arrière-pensées, électorales pour le cas désespéré de Nicolas Sarkozy, géopolitiques pour le cas de Barack Obama, existentielles pour le cas de David Cameron, etc. On peut défendre des grands principes sans tomber dans la naïveté. En tous les cas, chacun assume ses responsabilités. 3) Kadhafi pose pour les Arabes un problème de conscience qui montre leur immaturité politique. On ne peut pas défendre un dictateur sanguinaire au seul motif qu’il est arabe. On ne peut pas non plus refuser par principe le bombardement d’une terre arabe, même si c’est pour défendre une population en réel danger de mort, au seul motif que la coalition qui agit est internationale ou étrangère. Une sorte de  syndrome de Suez. Pourquoi l’Egypte et la Tunisie n’ont pas envahi la Libye pour stopper le massacre ? On ne peut pas indéfiniment ne pas faire le job et empêcher constamment qu’il soit fait.

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