Editorial

Éditorial

Qui a intérêt, aujourd’hui, dans les circonstances historiques, fragiles et  particulières, que vit notre pays à allumer une guerre des Services ? Qui a intérêt à faire croire qu’elle existe, et qu’elle concernerait des fractions du pouvoir qui seraient en lutte fratricide? La réponse à cette question avant le 20 février 2011, ou plutôt, pour être précis, avant le discours royal du 9 mars 2011, aurait été difficile tellement les choses étaient opaques, entremêlées et savamment tricotées. N’importe qui pouvait faire n’importe quoi en se prévalant de n’importe qui. Et dans ce clair-obscur glauque prospérait une foultitude interlope. Une culture microbienne et virale dont l’activité principale était déstinée à terrasser le corps «Maroc» et cela uniquement pour la défense d’intérêts qui n’ont rien à voir avec ceux de la Nation. Le théâtre des opérations de prédilection de cette guerre larvée était la presse car c’est là où se nouent naturellement les rapports avec l’opinion publique. La presse a failli en mourir. Aujourd’hui que nous sommes en train de construire, réellement, un nouveau Maroc, une nouvelle Constitution, de bâtir de nouveaux rapports entre nous, de moderniser ce vieux pays, les choses apparaissent dans leur nudité. Les masques tombent. Et les imposteurs sont nus. Pour sortir des généralités absconses illustrons ces propos. Le patron de la DST fait l’objet actuellement d’un pilonnage intensif, au mortier, de la part de la presse populiste à grand tirage. Il est nommément cité et personnellement mis en cause. Qui commandite cette opération? Qui sont les officiers traitants ? Quel est leur profil?  Et à qui peut profiter cette attaque d’artillerie lourde ? Des questions classiques, mais les réponses ne le sont, malheureusement, pas. Manifestement, nous sommes face à une tentative, il est vrai un peu désespérée, qui veut faire endosser la responsabilité de cette opération de basse police à la DGED. C’est simpliste, un peu grossier et peu crédible. Trop frontal, trop premier degré et peu intelligent. L’affaire est «trop» cousue de fil blanc. La vérité est plus simple. Nous sommes dans un cas de figure connu où les officiers traitants, en rupture de ban, profitant de l’ambiguïté générale, roulent pour eux-mêmes. Ils engagent dans leurs manœuvres irresponsables une institution sécuritaire qui devient, finalement, leur victime. Elle doit assumer des messages qu’elle ne produit pas. Le «naïf» bras armé médiatique de cette opération se trouve, quant à lui, manipulé à plusieurs niveaux. Là où il pensait, alors que ce n’est pas son job, rendre service à un Etat — lequel ? —   qui aurait décidé de manger ses petits, il se trouve en train d’exécuter les basses manœuvres de Pieds nickelés du renseignement à mi-temps — des visiteurs du soir improbables  —qui veulent valoriser leur cote et leur position personnelles en améliorant leur capacité de nuisance quitte à déchiqueter l’honneur des gens. Deux victimes de cette sordide affaire: la presse qui est rabaissée à un niveau inégalé et le pays qui est trahi. Quant aux Services, ils sauront, c’est leur métier, trouver la parade adaptée à ces jeux dangereux. L’instinct de conservation des Etats est plus fort que les ambitions individuelles dévoyées.

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