Editorial

Éditorial

Nous ne savons pas au Maroc si la démocratie a un prix ou si elle a un coût. C’est une équation fondamentale dans les régimes qui s’éloignent peu à peu, mais sûrement, d’une gouvernance autoritaire et qui s’approchent doucement des rivages de l’Etat de droit. Il faut donc faire la démocratie coûte que coûte. C’est ce que pense également, d’une manière très explicite, l’ambassadeur de l’UE à Rabat, Eneko Landaburu. Il associe, désormais, — un effet universel du printemps arabe — les progrès concrets et mesurables de la démocratie, des réformes politiques, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance au soutien notamment financier de l’UE. Ce dernier, à l’instar de ce qui vient de se passer au G8 de Deauville pour la Tunisie et l’Egypte, doit être aussi «concret et mesurable». L’UE doit aujourd’hui faire la différence sur le terrain et arrêter avec les pétitions de principe. Il faut passer à l’action, une action massive, et accompagner réellement les réformes engagées. Les responsables communautaires suivent de près ce qui se passe au Maroc depuis au moins dix ans. Ils l’évaluent plus ou moins correctement en fonction des conjonctures. Une sorte d’opportunisme communautaire qui permet de calibrer les discours en fonction de leurs intérêts, ce qui est légitime car l’idéal communautaire — en tout cas son esquisse ou sa promesse politique — n’est ni un humanisme invertébré ni une innocence universelle. Le Maroc a fait le choix de la démocratie depuis longtemps. Eneko Landaburu le sait. La réforme constitutionnelle et les réformes qu’elle induit en cascade accélèrent la transition démocratique. Cela est une donnée fondamentale. Les déclarations de père Fouettard qu’affectionne l’ambassadeur européen — parfois le résident général — veulent laisser croire : 1) Qu’il est le tuteur du processus de la transition. 2) Que ce processus est né aujourd’hui. 3) Que c’est un phénomène exogène impulsé par la bonne — ou la mauvaise ? — conscience universelle européenne. Il faut, maintenant, savoir raison garder. Le Maroc a obtenu le Statut avancé avant l’apparition des révolutions arabes. Et il ne l’a pas volé puisqu’il lui a été accordé après un long, lourd et minutieux processus. Ce statut n’est pas tombé du ciel. Le Maroc devrait continuer à justifier et à mériter l’accompagnement de l’UE sur la base des engagements réciproques. Sans coups de menton inutiles, et sans bravades stériles, de part et d’autre.

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