Editorial

Éditorial

Quand nos hommes politiques vont se réveiller, ils vont trouver que le Maroc a beaucoup changé pour eux. La donne ne sera plus la même. Leur position va «muter». Et au final leur pouvoir, ou supposé tel, aura une autre nature. Ils se sont défaussés sur la monarchie pour avoir une nouvelle Constitution. Ils vont l’avoir. Ils se sont effacés derrière les jeunes du 20 février pour pousser au changement. Ils en feront les frais. Ils ont laissé les médias animer la vie publique. Ils le regrettent déjà. Ils ont différé tous les rendez-vous avec la démocratie et le rajeunissement dans leurs partis respectifs. Ils s’en mordent les doigts, leurs jeunes sont dans la rue. Ils misaient, enfin, sur l’administration pour exister, celle-ci leur tourne désormais le dos. Est-ce que le Maroc de la nouvelle Constitution sera meilleur que celui de la précédente ? Rien n’est moins sûr. Trois raisons à cela. 1) Nous avons une classe politique et une vie partisane incapables de faire vivre ni une Monarchie constitutionnelle conséquente avec elle-même ni une Monarchie parlementaire en construction méthodique. 2) Les Marocains boudent les urnes car ils ne font pas confiance aux politiques. Ils ont besoin de mesures de confiance sérieuses pour re-croire. Et si les partis politiques qui semblent encore attendre des initiatives de la Monarchie dans ce domaine, aussi, ne bougent pas, nous allons directement vers un blocage politique très grave, nouvelle Constitution ou pas. 3) Finalement, les attentes au sujet de la nouvelle Constitution ont été «surjouées». Y compris par les jeunes du 20 février. La critique de la monarchie exécutive a créé un consensus éphémère. Il n’a pas duré car trop de manipulations sont venues altérer un mouvement qui se voulait idéalement pur et vertueux. Après le discours du 9 mars, SM le Roi a démontré que la monarchie n’était pas le problème, elle était plutôt la solution. Et la démonstration est en passe de réussir. Nous aurons une monarchie modernisée, une Constitution avancée, des pouvoirs autonomes, etc. mais une classe politique sous-développée, une société bloquée et des extrémistes de tout poil qui hurlent au loup. Ce n’est pas la transition rêvée mais il faut s’en contenter. A moins d’un sursaut national de grande ampleur, nous allons vers une période de grande frustration politique du fait même de l’irresponsabilité de la classe politique.

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