Editorial

Éditorial

Le fait que ceux qui s’opposent au projet de réforme constitutionnelle aient droit à la parole dans les médias publics est un acquis considérable de la démocratie marocaine. Le front du boycott, ou du refus, existe et il s’exprime librement. La démocratie marocaine actuelle, avant l’avènement de la Constitution avancée, lui garantit ce droit. Ce rappel formel a un sens. Il entend souligner deux choses. 1) La nouvelle Constitution n’est pas le produit d’un vide constitutionnel ou d’un état d’exception. Elle s’inscrit dans la maturation d’un processus démocratique transitionnel — la transition démocratique, en clair —  qui a démarré depuis longtemps. Le nouveau texte constitutionnel agit, alors, comme un document de consolidation d’un certain nombre d’avancées sur le plan de la démocratie participative, des droits de l’Homme, de la lecture critique du passé, de l’état de droit, etc.  2) Les opposants de la réforme constitutionnelle sont confrontés, non pas à une question de légitimité, la démocratie leur confère un statut, mais à une question de crédibilité. Il faut que les idées produites pour construire cette opposition politique soient de vraies idées et non des slogans ou des mots d’ordre creux. Mohammed Sassi, du PSU, nous semble faire attention à cette dérive,  mais cela ne veut pas dire, dans la réalité, que la tentation nihiliste a été dépassée par la coalition du boycott dans son ensemble.
Quand les amis de Sassi et de Moujahid disent que le texte de 2011 n’est pas une avancée par rapport au texte de 2001, ils versent, et c’est peut-être de bonne guerre, dans la désinformation. Quand ils refusent le débat de fond, titre par titre, article par article, et continuent à pilonner le Mécanisme, la méthodologie et la Commission Mennouni et sa composition, cela veut dire que nous sommes plus dans des postures politiciennes —  on peut en produire même à gauche de la gauche — que dans la position de principe ou le positionnement politique fécond. Est-ce que les citoyens marocains gagnent quelque chose avec le texte de 2011? Au lieu de répondre à cette question fondamentale, ils nous invitent constamment à un débat théorique sur la nature de la démocratie, — une forme éthérée pour suggérer un débat sur la nature du régime—, afin d’éluder leurs responsabilités pratiques et concrètes dans le chantier collectif de la construction de la démocratie. Il faut qu’ils fassent un effort pour, justement, boycotter d’une manière crédible et argumentée.

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