Éditorial: Débat imaginaire

-« Pourquoi perdre du temps dans les institutions, alors que descendre dans la rue permet de se faire entendre immédiatement ? », lance le jeune GenZ, convaincu de la justesse et de la légitimité de sa contestation.

– « Parce que l’instantané ne garantit pas la durabilité», lui répond son aîné. «Une manifestation peut libérer une colère, exprimer une frustration légitime. Mais une société ne se construit pas sur l’émotion d’un jour. Elle s’édifie sur des règles, des institutions et une volonté commune de débattre et de décider».
Le jeune insiste : «Mais les institutions nous donnent l’impression de ne pas suffisamment nous écouter !».
– « C’est justement là qu’intervient le rôle de la participation. Les institutions ne sont pas des entités abstraites. Elles fonctionnent à la mesure de l’implication des citoyens. Chaque élection, chaque association, chaque conseil local offre une porte ouverte. Plus ta génération occupe ces espaces, plus la voix des jeunes s’y fera entendre».

Mais le jeune n’en démord pas : «Nos problèmes sont urgents : emploi, santé, climat, justice sociale. On n’a pas le luxe d’attendre».
– «Je comprends. Mais crois-tu que des réponses complexes à des problématiques tout aussi complexes peuvent surgir du seul tumulte de la rue ? Les solutions exigent des lois, des budgets, des compromis. Autant de leviers qui passent inévitablement par les institutions. Revendiquer sans proposer, c’est laisser d’autres décider à ta place».

– «La vraie force de ta génération ne sera pas seulement dans la contestation, mais dans sa capacité à transformer son énergie en réformes tangibles. Cela suppose d’investir le champ du dialogue, de contribuer à la réflexion collective, d’exiger des comptes mais aussi de participer aux solutions. Le Maroc de demain ne se fera pas contre ses institutions, mais à travers elles, et surtout avec toi dedans».
Un débat imaginaire mais qui révèle une vérité simple : l’évolution et le développement d’une nation reposent moins sur l’éclat d’un slogan que sur la persistance d’un dialogue institutionnel. C’est dans cet espace exigeant, parfois lent mais toujours fécond, que se dessinent les changements profonds et durables.