Editorial

Éditorial : La pudeur des héros

© D.R

En l’espace de deux rentrées scolaires seulement, plus de 4.600 écoles primaires publiques au Maroc ont opéré une rupture totale avec l’ancien modèle. Ce ne sont pas de simples réfections de murs ou de peinture : c’est un changement de paradigme. Près de deux millions d’enfants suivent désormais un parcours pédagogique repensé, fondé sur des méthodes modernes, des outils numériques et des standards pédagogiques internationalement reconnus. Dans des milliers de classes, le tableau noir a laissé place à la couleur, à la créativité, à la confiance retrouvée. Et les résultats ont été au rendez-vous. Tout cela est dûment acté et attesté par des organismes indépendants internationaux.
Pourtant, face à cette révolution silencieuse, combien d’observateurs, d’analystes, de chroniqueurs, de journalistes ou de producteurs de contenu digital ont pris la peine d’aller voir ce qu’est devenue l’école publique marocaine ? Combien ont franchi les portes de ces établissements, qui ne sont pourtant pas tellement éloignés, pour écouter ces enseignants passionnés, ces directrices et directeurs engagés, ces inspecteurs qui réinventent leur mission au service d’une école plus juste et plus efficace ? Très peu, une infime minorité. Parce que le travail patient et concret n’intéresse guère une époque fascinée par le spectacle du bruit et de la polémique.
Et dans la santé, l’histoire se répète. En deux ans à peine, plus de 1.000 centres de santé de proximité – ces dispensaires de quartiers et de douars longtemps laissés à l’abandon – ont retrouvé la vie. Derrière leurs murs rénovés, des médecins, infirmiers et sages-femmes ont enfin un espace digne de leur mission (lire l’article en page 4). Là encore, peu de caméras, peu de reportages. Peu de mots pour saluer ces femmes et ces hommes qui, chaque jour, pansent les blessures d’un pays, souvent dans des conditions que nul ne chercherait à glorifier mais qu’eux assument avec une fierté désarmante.
Ce sont pourtant ces révolutions-là, modestes mais profondes, qui façonnent notre avenir. Elles ne se mesurent pas à coup de buzz ni de «tendances» sur les réseaux sociaux. Elles se construisent dans les salles de classe, dans les salles de soins, dans les regards d’enfants qui apprennent et de malades qui guérissent.
Et si, à force de chercher le sensationnel, nous avions fini par passer à côté de l’essentiel : les vraies transformations sont souvent les plus silencieuses.

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