L’étendue du secteur informel est connue depuis longtemps. Mais des chiffres et statistiques actualisés permettent toujours de mesurer l’ampleur du phénomène et son évolution.
Les derniers indicateurs collectés à travers une enquête du HCP réalisée en 2023 établissent ainsi à quelque 2 millions les unités qui opèrent dans l’informel employant près de 2,6 millions de personnes (lire l’article en page 7). Ces employés ne sont évidemment ni déclarés administrativement ni couverts socialement. Heureusement que depuis peu, avec la généralisation de la protection sociale et de l’AMO-Tadamon et grâce à une lourde contribution budgétaire publique, ces millions de travailleurs et leurs familles ne sont plus laissés à la marge de la société et sans accès aux services de santé.
Mais en plus de cette contribution sociale directe décaissée, le secteur informel équivaut, pour l’État, à une perte colossale en termes de recettes fiscales puisque ces millions d’unités informelles brassent un chiffre d’affaires vertigineux selon les estimations du HCP : en 2023, il a atteint 527 milliards de dirhams. Un volume qui échappe non seulement à la fiscalité mais aussi aux circuits de financement, aux banques, aux assurances et, in fine, privant l’économie nationale tout entière de ressources tellement précieuses en ces temps… Jusqu’à quand ?