La mise en place d’un cadre légal pour protéger les composantes du patrimoine immatériel marocain contribuera à le préserver contre le plagiat, la fraude et la contrefaçon à l’international (Lire l’article en page 18).
Mais plus encore, une telle démarche est de nature à immuniser l’authenticité de l’identité marocaine elle-même. Dans un monde globalisé où les cultures se mêlent, s’influencent et se diluent, défendre notre patrimoine immatériel revient à défendre ce que nous avons de plus singulier et de plus précieux : notre mémoire collective, notre créativité populaire et notre ancrage historique.
Cette action n’est pas seulement un acte défensif. Elle est éminemment structurante et ouvre des perspectives pour des centaines, voire des milliers, de petits métiers artisanaux qui survivent encore aujourd’hui dans une relative précarité. Ces artisans, souvent anonymes, sont pourtant les gardiens d’un savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération, mais qui reste largement démuni face aux exigences modernes de reconnaissance, de rentabilité et d’organisation.
En inscrivant ces métiers dans un cadre formel, on leur offre une véritable légitimité économique et sociale. On facilite l’accès des jeunes à ces savoirs à travers des filières d’apprentissage structurées et scientifiques, alliant tradition et innovation. On crée aussi les conditions pour que ces métiers cessent d’être perçus comme des activités de survie et deviennent des choix de carrière valorisants et viables.
La protection du patrimoine immatériel ne doit donc pas être pensée comme un simple acte de conservation, figé dans la nostalgie d’un passé idéalisé. Elle est aussi une stratégie de développement et d’émancipation. Elle permet de bâtir des ponts entre l’histoire et l’avenir, entre la mémoire et la modernité. Elle offre à la jeunesse marocaine des repères identitaires solides et des opportunités économiques concrètes.
En protégeant l’immatériel, c’est tout un tissu social, culturel et économique que nous consolidons. Et, par-delà les lois et les textes, c’est un récit collectif que nous continuons d’écrire, avec dignité, fierté et confiance dans l’avenir.














